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Durant ces durs combats, le général Pétain me rendaitcompte qu’il était nécessaire de lui envoyer quatre nou-velles divisions. Le fort de Vaux tombait le 6 juin.La lutte reprenait avec violence dès le 8. Le l or corpsbavarois pénétrait dans nos tranchées entre la ferme Thiau-mont et le bois de la Caillette.
J’avais dû quitter le 8 au soir mon quartier généralpour me rendre à Londres avec le président du Conseil.Je fus absent les 9 et 10 juin. C’est donc le général de Cas-telnau qui avait reçu dans la matinée du 9 les résultatsprécis de l’attaque allemande du 8. A mon retour, j’apprisque ces nouvelles avaient provoqué au grand quartiergénéral une vive émotion ; on y avait vécu des journéesfiévreuses. Castelnau avait téléphoné au grand quartiergénéral anglais pour obtenir que les préparatifs d’attaquesoient activés : il avait également téléphoné à Foch, quiétait venu au grand quartier général et sa ferme conte-nance avait calmé les craintes excessives : en fait, Pétain encore une fois avait alarmé tout le monde ; n’ayantqu’une confiance limitée dans la durée possible de larésistance de Verdun, il avait été jusqu’à déclarer autéléphone à Castelnau que cette résistance ne pourraitexcéder huit jours et qu’il importait d’envisager dès main-tenant le retrait des troupes sur la rive gauche de la Meuse pour ne pas risquer de perdre l’artillerie en position surla rive droite. Je trouvai Castelnau fortement impres-sionné par les événements et par ses conversations avecPétain.
De son côté le général Pétain, de plus en plus inquiétépar la tournure prise par la bataille, fit auprès de moi unenouvelle tentative, le 11 juin, comme il l’avait fait le 7 mai,pour demander de fixer à une date rapprochée l’offensiveanglaise. Il me dépeignit la situation sous des couleurstrès sombres, se plaignant de l’insuffisance de son artil-lerie qui combattait, disait-il, à un contre deux ; il redou-tait une décision rapide sur le front de la 2 e armée, pourlaquelle à son avis l’ennemi ne reculerait, sans doute,devant aucun sacrifice.