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Je décidai alors que le général de Castelnau se rendraitle lendemain à Verdun pour juger de la situation.
Castelnau rentra au grand quartier général dans la nuitdu 13 au 14 et me rendit compte de l’impression favo-rable qu’il rapportait de Verdun : le moral était bon,les organisations défensives des 2 e et 3 e positions se ren-forçaient, et il était d’avis que Verdun tiendrait suffisam-ment pour permettre à notre offensive de la Somme dese produire à son heure.
D’ailleurs, avant même d’avoir reçu la lettre de Pétain, ce même jour 11 juin, j’avais envoyé des instructionsau général des Vallières, chef de la mission française prèsde l’armée britannique, lui enjoignant d’insister auprèsdu général Haig, en raison de la situation toujours tendueà Verdun, pour que toutes les dispositions soient prisesen vue d’engager les attaques d’infanterie à partir du25 juin.
En réponse à sa lettre du 11, j’écrivis le 12 juin au gé-néral Pétain :
J’estime avec vous que les Allemands escomptent les plussérieux résultats de la bataille engagée contre Verdun et quenous devons à tout prix nous maintenir sur la rive droite de laMeuse au risque môme d’y abandonner une partie du materielqui y est disposé.
Sans méconnaître les difficultés grandissantes de votre tâche,j’ai la ferme conliance que vous parviendrez encore à contenirvictorieusement l’ennemi, comme vous l’avez si heureusementfait jusqu’à ce jour.
Les organisations défensives que vous avez prévues se déve-loppent sur les deux rives de la Meuse, et je sais que vousmettez et que vous mettrez de plus en plus votre soin à hâterleur pleine exécution.
Le renouvellement des grandes unités à engager dans labataille est dès à présent assuré. Les relèves et renforcementsd’artillerie lourde que vous avez prévus ou déjà ordonnés, aussibien que l'arrivée de nouveaux matériels qui vous ont été ouvous seront envoyés au fur et à mesure de leur livraison, ontaccru et accroîtront encore la puissance de vos moyens.
L’heure est particulièrement grave. La défense prolongée
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