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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JO FF RE

Dailleurs, cette difficulté saplanit delle-même, à nosfrais hélas, car la bataille de Verdun qui salluma le 21 fé-vrier vint jouer avec une terrible intensité ce rôle de luttedusure que jaurais tant voulu épargner à nos soldats.

A peu près dans le même temps, jeus loccasion deconstater, toujours â nos dépens , les méfaits de la poli-tique.

Dans le courant de janvier 1916, jeus vent que, dans leshautes sphères militaires anglaises, on commençait à sefaire une opinion défavorable sur la valeur morale delarmée française, et on mettait en doute, pour lavenir,sa capacité offensive. Le général D. Haig paraissait avoirfait sienne cette opinion, et il basait sa conviction sur desrapports de sources diverses dont nous navions pu dé-terminer lorigine. Cela ne manquait pas de me préoccu-per, et surtout de métonner, en raison de la tâche magni-fique que nos armées avaient accomplie jusque-, et quiméritaient mie appréciation plus équitable de nos alliés.Jeus bientôt lexplication de cette énigme.

Le 10 janvier 1916, M. Clemenceau, alors sénateur,sétait rendu à Rousbrugge, au quartier général du 36 e corpsdarmée. Et, en présence du capitaine anglais Reece,agent de liaison de la 2 e armée britannique près du 36 e corps,il avait donné libre cours à sa verve, tenant les proposles plus pessimistes sur la situation morale actuelle delarmée française, faisant ressortir lénormité des pertessubies, et concluant que nous étions désormais dans lim-possibilité de reprendre loffensive. Lofficier anglais avaitnaturellement rendu compte de ces propos à ses chefsqui y avaient attaché dautant plus dimportance que lapersonnalité de leur auteur était plus en vue. Le capitaineReece sen ouvrit également à lun de nos officiers, ajou-tant textuellement : « Si ces faits sont exacts, M. Clemen-ceau aurait les taire par patriotisme ; sils sont faux,cet homme est un misérable. »

Dautre part, il était de notoriété publique quun per-sonnage de moindre importance, M. Boudenoot, sénateurdu Pas-de-Calais, propageait, tant par ses écrits que par