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ses discours, des bruits analogues qui n’étaient pas sansparvenir à la connaissance du commandement britannique.
Ces propos avaient été tenus dans une zone où, par suitede la population mélangée de Français, de Belges et d’An-glais qui s’y trouvait, les agents allemands avaient beaujeu. Il y avait gros à parier que ces appréciations pessi-mistes et injustifiées étaient parvenues aussi dans le campennemi.
M. Clemenceau était en ce iemps-là dans l'opposition.Quand, plus tard, il arriva au pouvoir, il mesura le dangerdes bruits de couloir propagés à l'extérieur. Pour ce qui meconcerne, d’aussi manifestes imprudences justifiaient lesrestrictions que j’imposais à la circulation des hommespolitiques dans la zone des armées. Et l’attitude de l’arméefrançaise pendant cette année 1916 qui fut l’année deVerdun et de la Somme, a montré que nos soldats méri-taient mieux que le jugement porté sur eux devant desétrangers par des parlementaires mal informés.
Le 14 février 1916, nous tombâmes d’accord, le géné-ral D. Haig et moi, sur les grandes lignes d’un projet quivisait à réaliser une attaque franco-anglaise jointive, àcheval sur la Somme, qui commencerait à la fin juin.
Aussitôt la coopération des armées britanniques assuréeet le plan général d’action établi, je fis connaître le 18 fé-vrier aux commandants de groupe d’armées mon inten-tion de rechercher la rupture du dispositif ennemi par uneoffensive générale des forces franco-britanniques sur lesfronts des armées du Nord. Je prévins le général Fochqu’il disposerait pour l’exécution de cette offensive de39 divisions d’infanterie, de 3 divisions territoriales, etd’environ 1 700 pièces lourdes. Ces moyens, articulés entrois armées, devaient permettre une offensive sur un frontd’une quarantaine de kilomètres, qui, prolongé au nordpar l’offensive anglaise jusqu’à Hébuterne , donnerait unfront total d’attaque de 70 kilomètres. Et j’arrêtai au1 er juillet, la date du déclanchement de cette bataille.
Quand, trois jours plus tard, la bataille de Verdun s’alluma,j’avais 31 divisions en réserve derrière l’ensemble du front.