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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
seconde fois aviser le général Foch que je ne pourraisplus mettre à sa disposition que 26 divisions et 700 piècesd’artillerie lourde. Et je mis, le 22 mai, le général Haig aucourant des répercussio-ns que la lutte, dont Verdun étaitle théâtre, entraînait dans mes projets sur la Somme :« Cette bataille qui se développe depuis trois mois avec uneviolence et une continuité sans précédent, absorbe unepartie importante de nos ressources en hommes et enmatériel ; elle m’oblige par suite à réduire dans de notablesproportions la participation des armées françaises à l’offen-sive générale des Alliés. La réduction des moyens mis à ladisposition du général Foch l’amèneront certainement àmodifier son plan d’action. Mais il apparaît, d’ores et déjà,que les modifications qu’apportera le général Foch à sonplan initial n’affecteront pas la coopération directe desarmées françaises à l’action des forces britanniques aunord de la Somme. Le général Foch est amené à remaniercomplètement son plan initial, et à le remplacer par uneattaque de la seule 6 e armée à cheval sur la Somme, enliaison avec l’armée anglaise vers Maricourt, et limitée ausud de la route Amiens-Péronne ; cette attaque doit êtreconduite par trois corps d’armée en première ligne, unagissant au nord de la Somme et deux au sud. »
Le projet d’attaque établi sur ces bases fut définitive-ment adopté, et c’est lui qui fut suivi d’exécution.
Mais si, comme on l’a vu plus haut, le général Pétain réclamait avec insistance le déclanchement de la bataillede la Somme, qui devait soulager Verdun, le général Haigne tarda pas à me présenter d’excellents arguments ten-dant à retarder l’ouverture des opérations alliées.
Le 8 mai, le commandant en chef anglais, s’appuyantsur le fait que vers le 15 août l’armée britannique enFrance recevrait un renfort de deux cents canons lourds,me demanda de retarder la date de notre offensive (1}%