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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHA.L JOFFRE

qui fut rapportée par ce dernier au colonel des Vallières,chef de la mission française auprès de larmée britannique,achèvera déclairer le degré de confiance qui sétait établientre le commandant en chef anglais et moi.

« Jai reçu M. Clemenceau à Aire, le 4 mai 1916, racontate général Haig. Pendant sa visite qui dura une heure, ilparla abondamment et dune manière intéressante surtous les sujets. Néanmoins, je fus très surpris de len-tendre me poser brusquement cette question : « Etes-voussous les ordres du général Joffre? »

« Bien que M. Clemenceau ne me semblât pas qualifiépour me questionner sur ce point, je lui répondis quejétais seul responsable vis-à-vis du gouvernement anglais de la conduite des opérations et de mes troupes, maisquestimant quil ne pouvait y avoir deux généraux com-mandant en chef sur le même théâtre dopérations, etquil ny avait quune seule armée franco-anglaise, je menremettais absolument aux directives du général Joffreen qui javais la plus entière confiance , comme je profes-sais la plus grande estime pour les capacités des officiersde létat-major général.

« Enfin, jai dit à M. Clemenceau que le général Joffremavait récemment parlé de lui en termes élogieux, et queje le conseillais vivement daller voir le général en chef, lavictoire finale exigeant de chacun labandon de toutesles préférences personnelles pour unir tous les talents ettoutes les volontés dans leffort commun.

« M. Clemenceau est parti, semblant très heureux delentrevue. »

En me rendant compte de cette conversation, le coloneldes Vallières ajoutait : « Le général Haig ne ma pas semblémoins satisfait davoir saisi loccasion de souligner sasolidarité avec le général en chef , et davoir donné à soninterlocuteur un conseil de loyalisme (1). »

Cette entrevue entre M. Clemenceau et le général Haig

(1) Dossier personnel du Commandant en chef, t. II, cahier 1,pièce 79 Lettre du 8 mai 1916.