LA BATAILLE DE LA SOMME
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ne manquait pas de piquant. Mais le généreux discoursdu commandant en chef anglais ne pouvait avoir grandsuccès, car je comptais parmi les nombreuses personnes queM. Clemenceau n’aimait pas. La cause de sa mauvaisevolonté à mon égard était médiocre. J’avais, au débutde 1915, si mes souvenirs sont exacts, retiré au généralLeblois, pour incapacité, le commandement d’une divisiond’infanterie coloniale. Clemenceau vint me voir pour mefaire revenir sur ma décision. Je refusai. Alors, ne se con-tenant plus, il s’écria : « Vous l’avez mis à la porte parcequ’il a puni un aumônier I » Il s’en alla et il ne m’a jamaispardonné (1).
Le 21 juin, j’avais adressé aux généraux Haig et Fochune directive commune sur le but à poursuivre et l’exploi-tation des résultats que devaient amener les premièresopérations.
Cette directive exprimait d’abord mon intention demener une bataille de longue haleine, dont le dénouementserait marqué par l’usure des moyens que l’ennemi pour-rait nous opposer. Cela nous amenait à établir soigneuse-ment un plan d’apport d’unités fraîches et un plan dereconstitution des éléments éprouvés.
Le but stratégique que je me proposais, était de porterune masse de manœuvre sur le faisceau de lignes de com-munication de l’ennemi, que jalonnent Cambrai, LeCateau, Maubeuge. La route de Bapaume-Cambrai maté-rialisait donc l’axe de marche initial de notre progression.
Le front à atteindre tout d’abord était jalonné parMiraumont, Le Sars, Guinchy, Guillemont, Maurepas,Hem, le plateau de Flaucourt.
(1) A noter que le général Leblois reprit un commandement. Enoctobre 1915 il fut placé à la tête de la 57 e division qui partaitpour l’Orient. Bien que le général Leblois fût des amis du généralSarrail, ce dernier me fit télégraphier, en octobre 1916, par monagent de liaison auprès de l’armée d’Orient, pour me signaler l’insuf-fisance du général Leblois, que chacun représentait comme trèsfatigué. Le général Leblois fut relevé de son commandement enjanvier 1917.