242 MÉMOIRES DU MARECHAL JOFFRE
tion, la crainte que l’offensive britannique, déconcertéepar ce premier insuccès, ne donnât pas dans la directiondu nord tous les résultats attendus, amenèrent le généralFoch à envisager une modification dans le développementde la bataille. Dès le 3 juillet au soir, il avait prescrit àla 6 e armée de se tenir prête à poursuivre l'attaque ausud.
Le 8, il conçut, pour la partie de notre champ de batailleau sud de la Somme, une manœuvre qui consistait àconstituer tout d’abord un front défensif face à l’est, lelong de la rivière ; puis, à l’abri de ce front, à orienterface au sud nos attaques, et à conduire les opérations defaçon à prendre en flanc les positions ennemies encoreintactes, qui seraient attaquées directement face à l’estpar la droite de la 6 e armée et par la 10 e .
Le général Micheler, commandant la 10 e armée, reçutle 10 juillet l’ordre de préparer les attaques de ses troupesen partant de la voie ferrée Amiens -Nesles ; il était enmême temps prévenu qu’il aurait à étendre son actionvers le sud, à mesure de l’arrivée de moyens d’actionsupplémentaires. Il avait déjà à sa disposition 211 pièceslourdes et 36 pièces d’A. L. G. P. Je lui annonçai l’envoi de6 batteries de mortier de 220 et de 2 groupes de 155 L.Mais cette armée ne pouvait entrer en action que vers le25 juillet. Le déplacement de l’artillerie de la 6 e armée,nécessité par la forte avance de notre front, était d’autrepart rendu difficile par le bouleversement du terrain, et legénéral Fayolle ne croyait pas possible de reprendrel’attaque avant le 20 juillet. Ces longs délais m’inquié-taient car je craignais qu’ils ne permissent à l’ennemi dese rétablir.
Heureusement, les Anglais avaient rapidement sur-monté la mauvaise impression que leur avait causée leurdemi-succès du 1 er juillet, et le 10, ils marquèrent uneavance sensible qui s’accentua le 14. Il était maintenantpossible de relancer l’attaque française au nord de laSomme. Elle se produisit au jour marqué par Fayolle(le 20) et le 20 e corps au cours de cette affaire atteignit et