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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

Roques partit calmé... mais il me laissa ma lettre.

Je terminerai le récit de cet incident par une anecdote :Le 19 octobre de la même année, jappris que les rapportsétaient très tendus entre le général Cadorna , chef détat-majot général des armées italiennes, et M. Bissolatti...jignore quels étaient les 1 motifs de ce désaccord, maisce quon me dit, cest que le général Cadorna interditau ministre lentrée dans la zone des armées.

Le 17 juillet, à 8 heures, je reçus à mon quartier géné-ral de Chantilly le général de Castelnau de retour deVerdun il avait, comme je viens de le dire, accompagnéle Président.

Quelques instants plus tard arrivaient M. Poincaré etle général Roques. Nous partîmes ensemble pour Amiens, dans le train présidentiel. Je conduisis le Président dabordchez le général Foch à Dury. Il laissa percer devant moises préoccupations touchant à la politique. Il ne voyaitpas sans une certaine amertume monter dans le firmamentpolitique létoile *de M. Clemenceau dont il redoutait lecaractère brisant. « Aucun ministère, me dit-il, ne pour-rait vivre avec cet homme à sa tête. »

Nous allâmes ensuite voir le général Fayolle à Méri-court. Au retour, nous croisâmes un régiment dinfanterieterritorial (le 117 e ) qui défila très correctement devantle Président et avec une allure de vieux soldats très biencommandés. Je montrai aussi à M. Poincaré, lexempledun village « traité » par notre préparation dartillerie :Dompierre. De ce malheureux village il ne restait plusque des traces informes. Un tas de décombres un peuplus haut que les autres figurait lemplacement de léglise.Enfin, je fis visiter au Président une batterie de 400.

M. Poincaré parut heureusement impressionné par savisite de la Somme. Il dit quil était frappé de la diffé-rence de « température » entre les troupes de Verdun etcelles de la Somme quil venait de visiter à un jour din-tervalle. Autant dans la Somme on respirait dans lesétats-majors et dans la troupe une atmosphère de con-fiance et de satisfaction, autant à Verdun on ressentait