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l’impression d’une grande lassitude et d’une résignationassez inquiétante. Il avait interrogé des hommes à Ver-dun : « On aimerait autant être ailleurs », lui avait répondul’un d’eux. Par surcroît, la discipline lui avait paru re-lâchée à Verdun : il était tombé dans un cantonnementsur des hommes de la division Mordrelle (1) légèrementpris de boisson. Et ce spectacle avait fâcheusement im-pressionné le Président ; aussi le défdé des vieux soldatsdu 117 e dans la Somme lui causa-t-il une joyeuse surprisequ’il ne chercha pas à me dissimuler.
Le Président venait de mesurer, par ces deux visites,l’action déprimante d’une longue défensive, et l’actionbienfaisante d’une offensive victorieuse.
A mon retour à Chantilly, le 17 juillet, dans la soirée,le général Pellé vint me rendre compte d’un entretienqu’il venait d’avoir avec le colonel Rudeanu, chargé demission officielle en France pour régler la question del’intervention roumaine. D’après les renseignements four-nis par cet officier, le gouvernement roumain était décidéà entrer dans la lutte à nos côtés. L’offensive commen-cerait le 8 août. A ce moment la moisson serait achevéeen Roumanie ; les difficultés avec la Russie, qui avaitlongtemps retardé la décision du gouvernement roumain, semblaient aplanies. Je dirai plus loin pourquoi l’inter-vention de ce nouvel allié, qui semblait pleine de promesses,me paraissait aussi remplie d’aléas.
Je reviens au récit des opérations.
Comme je viens de le dire, des deux dernières attaquesque nous avions faites à la fin de juillet, celle du 20 avaitréussi partiellement, celle du 30 avait échoué complète-ment. Les causes de cet échec devaient être recherchées,pour une grande part, dans les difficultés rencontrées parla 6 e armée au cours de la préparation de ses opérations.Il apparaissait, en effet, tout à fait illogique de laisserplus longtemps le général Fayolle mener la bataille surles deux théâtres d’opérations du nord et du sud de la
(1) 71 e division.