250 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
Somme, où ses actions allaient en divergeant chaque jourdavantage.
Je convoquai le 31 juillet le général Foch à Chantilly.Je lui rappelai que l’idée fondamentale de notre offensive,c’était d'appuyer les forces anglaises agissant au nord , notreoffensive vers le sud restant secondaire et subordonnéeaux résultats obtenus dans le nord. Et, comme conséquence,je décidai que la limite entre les 6° et 10° armées seraitremontée vers le nord, de manière à donner au généralMicheler la conduite des opérations au sud de la rivière,le général Fayolle ne conservant sur cette rive qu’unezone dans laquelle son artillerie serait en mesure de battreà revers les organisations allemandes au nord.
Puis, je me préoccupai de relancer chez les Anglais labataille qui, peu à peu, se résolvait en une série de petitesopérations décousues, coûteuses et de faibles profits (1).
Pendant tout le mois d’août j’appelai à plusieurs re-prises l’attention du général D. Haig sur l’importancede donner à notre offensive une impulsion vigoureuse etcontinue. L’offensive russe se développait favorablement,mais au prix de pertes considérables et il ne fallait paslaisser nos alliés de l’Est s’essouffler. Pour cela il importaitque l’ennemi ne pût ramener vers le théâtre oriental desforces prélevées sur notre front. Si nous obtenions cerésultat on pouvait espérer voir à bref délai le frontoriental s’écrouler sous les coups de nos alliés. Ceux-cinous communiquaient, en effet, des chiffres impression-nants. Du 4 juin (début de leur offensive) au 31 juillet,ils avaient pris aux seuls Allemands 335 000 hommesdont 6 000 officiers, et 461 canons. Du 16 au 28 juillet,39 000 hommes, 340 officiers et 49 canons ; les 28 et 29 juil-
(1) A la date du 19 juillet, la 6° armée française comptait26 000 blessés et malades (y compris les hospitalisés sur place).Chez les Anglais , à la même date, 90 000 hommes avaient déjà étéévacués.
Le 9 août, les pertes anglaises depuis le début de la Sommes’élevaient à 117 000 évacués, auxquels il faudrait ajouter le chiffredes tués. 192 000 hommes avaient été envoyés en renfort.