251
let, 32 000 hommes, 650 officiers et 100 canons ; soit autotal plus de 400 000 hommes capturés pour les seulesarmées allemandes de l’Est. Comme les Autrichiens sebattaient moins bien et se rendaient beaucoup plus vo-lontiers que leurs alliés, on peut admettre que les Puis-sances centrales avaient perdu depuis le 4 juin devantles Russes, en tués, blessés et prisonniers, plus d’un mil-lion de soldats. Or, comme je viens de le dire, la Roumanie ,en se lançant dans la guerre aux côtés des Russes, amenaitun appoint de 550 000 hommes de troupes fraîches.
Enfin, le 7 août, les Italiens venaient d’attaquer surl’Isonzo et de remporter une victoire importante : ilsavaient enlevé la tête de pont de Gorizia , et, dès le 9,le colonel de Gondrecourt, mon agent de liaison auprèsde l’armée italienne, m’annonçait que nos alliés avaientdéjà fait plus de 14 000 prisonniers. Je m’étais d’ailleursempressé d’adresser mes félicitations au général Cadorna ,lui marquant ainsi tout le prix que j’attachais pour notrevictoire commune aux efforts de son armée.
Bref, le plan qu’à la fin de 1915 j’avais fait adopterpar la coalition, portait maintenant ses fruits. Partout(sauf en Orient) nos armées portaient à nos ennemis descoups redoublés. Ce n’était certes pas le moment dedesserrer notre étreinte sur le front d’Occident.
Sir D. Haig était trop intelligent et trop loyal soldat pourne pas comprendre mes appels. Mais sa volonté se heurtaità des obstacles qu’il m’appartenait de contribuer à lever.
Le commandant en chef britannique était un peu dé-sorienté par la difficulté, nouvelle pour lui et pour sesétats-majors, de conduire une bataille de groupe d’arméesde longue haleine. Il ne faut pas oublier qu’au début dela guerre la force expéditionnaire que commandait Frencbcomptait à peu près 70 000 hommes, et qu’au milieud’août 1916, le général Haig avait sous ses ordres1 439 000 hommes dont 1 200 000 combattants. Pour en-cadrer cette armée, il avait fallu improviser des généraux,des états-majors, des colonels. On comprend de quel poidsune pareille masse devait peser sur les bras du comman-