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Au cours de ce déplacement, M. Poincaré me fit uneconfidence qui me confirma dans l’impression que nousétions peut-être plus près de la victoire qu’on ne le croyait.Le Président avait reçu récemment la visite de Mgr Du-chesne, son collègue de l’Académie, qui rentrait de Rome .Le Pape avait dit à Mgr Duchesne que la situation del’Autriche était maintenant si précaire qu’avant quel’année ne se terminât, les Empires centraux seraientobligés de demander un armistice. M. Poincaré, en mecommuniquant ce renseignement, me demanda de faireimmédiatement étudier les conditions militaires de cetarmistice (1). Pour ne pas interrompre le récit des évé-nements, j’exposerai plus loin le travail que je fis aus-sitôt établir par mon état-major.
Revenons aux opérations.
D’accord maintenant avec sir D. Haig, nous avionsmonté pour le 30 août une vaste offensive d’ensemblequi devait se produire sur un front d’une trentaine dekilomètres, prolongé de 10 kilomètres à gauche de l’ailedroite anglaise. Cette attaque devait être conduite pro-fondément dans le dispositif ennemi, de manière à y pro-duire un sérieux effet de dislocation.
Le mauvais temps nous obligea à reporter cette opé-ration au 3 septembre pour la 6 e armée et les Anglais, et au 4 pour la 10 e armée.
Au nord de la Somme, l’armée Fayolle atteignait, dèsle 3 au soir, la route Combles-Cléry. Ce dernier village futpris le lendemain et nos gains s’élargirent encore le joursuivant, moins cependant que nous n’aurions pu l’espérer,car notre gauche était entravée dans sa progression parl’échec de nos alliés.
A la 10° armée, l’attaque déclenchée le 4 à 14 heures,enlevait Chilly, la partie ouest du bois de Chaulnes, Ver-mandovillers, Soyécourt, encerclait Deniecourt, et faisait2 100 prisonniers.
(1) Voir cliap. v