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esprits. Je dis à Fayolle la confiance que j’avais en lui,mais je lui fis comprendre que les interventions de soncommandant de groupe d’armées dans la coordinationdes opérations était légitime, et que si Foch devait tenircompte des difficultés que lui, Fayolle, rencontrait, lui-même devait comprendre tout l’intérêt que nous avionsà les surmonter rapidement pour ne pas laisser l’ennemise reprendre.
Or, les craintes que m’inspiraient les opérations de nosalliés orientaux, malgré les brillantes espérances que nousétions fondés à faire sur eux, commençaient à se préciser.Les Roumains avaient déclaré la guerre à l’Autriche le28 août (1), et ils avaient aussitôt entamé l’invasion dela Transylvanie . Mais, pour des raisons que j’indiqueraiplus loin, nos nouveaux alliés s’étaient immédiatementtrouvés dans une situation difficile. Et leur entrée en cam-pagne, qui aurait dû déterminer une recrudescence del’offensive russe, coïncidait au contraire avec un ralentis-sement auquel ne paraissait pas étrangère l’arrivée au pou-voir de M. Sturmer qui venait de remplacer M. Sazonoff,le meilleur ministre que le malheureux empereur Nicolas aiteu pendant cette guerre, et le plus loyal envers les Alliés.
Or, il importait que les efforts consentis par l’Ententeet particulièrement par la France , en cette terribleannée 1916, ne fussent pas vains. Pour cela il fallait sou-tenir notre commune action. J’ai déjà dit quels symptômesde décadence nous avions constaté chez nos ennemis.Ces symptômes se précisaient et se multipliaient. Desconflits s’étaient élevés entre Berlin et Sofia, aussi gravesque ceux qui s’étaient produits entre les Bulgares et lesAutrichiens et entre Falkenhayn et von Conrad. Noussavions que l’Autriche était à bout de souffle, et desrévoltes sanglantes en Allemagne nous apportaient l’échodes souffrances croissantes de notre principal ennemi.Quant à l’état d’esprit des troupes allemandes devant
(1) Le même jour, l’Italie avait enfin déclaré la guerre à l’Alle-magne .