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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFfRË

avec une étonnante facilité dans Ablaincourt ; le bataillonqui avait pris ce village navait eu que deux blessés.Lennemi laissa 1 200 prisonniers entre nos mains. Le 14,une nouvelle attaque, retardée comme celle du 10 parles intempéries, réussit entièrement; Génermont, le boisde Fresnes étaient pris, tous les objectifs fixés étaientatteints, et encore lennemi perdait un millier de pri-sonniers. Les 16, 18, 21 et 22 octobre, une série de petitesattaques sans grand résultat se succédaient.

Mais, malgré ces avantages, la bataille de la Somme , endépit de mes efforts, senlisait insensiblement. Les journéesétaient déjà trop courtes pour notre travail offensif ; labrume gênait nos avions et notre artillerie, et les nuitsdéjà longues étaient favorables au travail défensif delennemi. Mais surtout, les Allemands avaient depuisquelque temps inauguré une nouvelle tactique qui mar-quait lentrée en jeu du nouveau chef détat-major delarmée ennemie, Hindenburg, et de son premier quartier-maître Ludendorf. Au lieu de localiser la défense dans destranchées défendues à outrance, sur lesquelles notre artil-lerie exerçait ses ravages, linfanterie allemande échelon-nait maintenant ses résistances en profondeur dans destrous dobus sinstallaient de petites équipes de mitrail-leurs. Quand nous attaquions, lennemi perdait du terrainqui navait pas de valeur à ses yeux mais il en perdaitpeu et surtout il limitait au minimum ses pertes dhommes.

La forme fragmentée, à buts limités, que nos attaquesrevêtaient trop souvent, favorisait cette tactique éco-nomique adoptée par nos adversaires. Dans une instruc-tion que jadressai le 16 octobre au général Foch, je luisignalai lurgence de revenir aux méthodes qui nousavaient valu les brillants succès du début de juillet,notamment celle qui, au sud de la Somme, nous avaitdun seul coup donné le plateau de Flaucourt, cest-à-diredes attaques sur de larges fronts, visant à la conquêtede tous les objectifs que notre artillerie pouvait battre, et àlexploitation à fond du succès.

En même temps, jécrivis au général D. Haig :