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264 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
Force m’était donc de m'incliner devant une nécessitéqui sauvait — pour un temps — nos ennemis d’une com-plète défaite. Mais si cette victoire restait inachevée,du moins je voulais la compléter au printemps de 1917.On verra dans les pages que je consacrerai à mes projetspour 1917 (1), comment je comptais terminer sur laSomme la victoire que l’hiver et la politique venaient,à l’avant et à l’arrière, d’interrompre. Mais la politiquefrançaise en décembre 1916, par la crise de commande-ment qu’elle détermina en ce moment décisif, vint encoreune fois sauver les Allemands.
LES OPÉRATIONS DEVANT VERDUNA PARTIR DU 1 er JUILLET 1916
L’offensive anglo-française prise sur la Somme, le 1 er juil-let, n’avait pas eu pour effet immédiat d’arrêter les at-taques ennemies devant Verdun . Les Allemands pronon-cèrent le 11 et le 12 juillet un gros effort dans le secteurde Thiaumont-Souville.
Mais à compter de ce moment, l’initiative des opéra-tions sur cette partie du front passa à la 2 e armée fran-çaise. Le kronprinz ne disposait plus, pour alimenter sesattaques, que des forces qu’il pouvait prélever dans lessecteurs défensifs de son front entre Argonne et Moselle .
La mission de la 2 e armée française fut précisée dansune Note (2) que j’adressai le 12 juillet au général Pétain ,commandant le groupe d’armées du Centre. Je me décla-rai d’accord avec lui pour considérer comme d’une né-cessité impérieuse de reconquérir sur l’une et l’autre rivede la Meuse , une série de points d’appui dont la posses-sion nous était indispensable pour asseoir sur des basessolides le système de nos lignes de résistance. Mais jel’informai qu’il ne devait compter pour cette mission que
(1) Voir chap. v.
(2) N° 6855.