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2 (1932)
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MÉMOIRES LU MARÉCHAL JOFFRE

ditions assez particulières qui méritent dêtre notées.

Le gouvernement avait décidé de décerner à la villede Verdun la croix de la Légion dhonneur. Cette céré-monie devait revêtir un certain éclat et pour marqueraux yeux du monde le service collectif rendu aux Alliéspar les héros de Verdun , on avait décidé que la remisede la Légion dhonneur aurait lieu en même temps quecelle de la croix de Saint-Georges décernée à la ville parle tsar. Le président de la République entouré du pré-sident du Conseil, du ministre de lIntérieur et du ministrede la Guerre devait prononcer un discours. Javais natu-rellement été invité à me rendre à cette cérémonie qui de-vait avoir lieu le 31 août.

Or, le 30, à 6 heures du soir, au moment je me pré-parais à partir, un coup de téléphone du colonel Pénelonmavertit que la cérémonie était décommandée. Et le31 au matin, il men donna de vive voix la raison, qui nemanqua pas de me surprendre. M. Charles Humbert, sé-nateur de la Meuse, était allé voir M. Malvy, ministrede lIntérieur; il lui avait dépeint sous les couleurs lesplus noires létat précaire dans lequel se trouvaient lesdéfenses de Verdun. Il lui avait dit que javais prélevétant de troupes et de canons sur larmée de Verdun quonétait-bas à la veille dune catastrophe. Au premierassaut des Allemands, la place tomberait. M. Malvy, trèsimpressionné à la pensée que le gouvernement allait cé-lébrer la défense dune forteresse dont M. Charles Humbertlui prédisait la chute prochaine , en rendit compte au prési-dent de la République. De , le contre-ordre que je venaisde recevoir. Je dois à la vérité de dire que tout cela sétaitpassé en dehors du président du Conseil, M. Briand, quiétait trop avisé et tenu par moi trop au courant de lasituation pour ajouter foi, sans les contrôler, à des racon-tars aussi saugrenus.

Mais les prophéties de M. Charles Humbert ne sétantpas réalisées , le gouvernement décida de reprendre sonprojet.

Le 13 septembre au matin, jarrivai à Souilly, quartier