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général de la 2 e armée ; j’y pris au passage le généralNivelle, et nous nous rendîmes ensemble à la citadellede Verdun, où la ville représentée par son maire devaitrecevoir la Légion d’honneur, la croix de guerre, la croixde Saint-Georges et diverses autres décorations étrangères.La cérémonie fut présidée par M. Poincaré ; y assistaientégalement les ministres de l’Intérieur et de la Guerre,les généraux Pétain et Nivelle, et les représentants despuissances alliées. Les parlementaires de la région s’ytrouvaient également, à l’exception de M. Charles Humbertqui s’y fût sans doute trouvé un peu gêné.
La cérémonie fut courte, simple et belle. A 9 heures,M. Poincaré prononça un beau discours rappelant le rôlejoué par Verdun dans la lutte générale et la préparationde l’offensive d’ensemble. Puis il épingla sur un coussinles décorations. Le général Nivelle reçut ensuite la plaquede grand officier de la Légion d’honneur. A 10 heures,la cérémonie était terminée.
Je fus heureux de ce collectif hommage justement renduà tous ceux qui avaient combattu à Verdun, et de la ré-compense décernée au général Nivelle. Si l’histoire mereconnaît le droit de juger les généraux qui opérèrentsous mes ordres, je tiens à affirmer que le vrai sauveurde Verdun fut Nivelle, heureusement secondé par Mangin.Le général Pétain arrivé à Verdun au moment de la désor-ganisation dont il héritait du général Herr, remit de l’ordreavec l’aide d’un état-major bien composé, et au moyende troupes fraîches qui affluaient. Ce fut là son mérite,dont je ne méconnais pas la grandeur. Mais dans la con-duite de la bataille et particulièrement au moment dela crise de juin, le rôle le plus important a été joué parNivelle qui eut le mérite rare de s’élever au-dessus de sonchamp de bataille, de comprendre ce que j’attendais delui dans l’ensemble de mes combinaisons, et de garderintacts son sang-froid et sa volonté au moment où sonchef adressait au ministre de la Guerre les comptes rendusangoissés dont j’ai parlé à plusieurs reprises. Quant àMangin, il commanda pendant la plus grande partie de