Druckschrift 
2 (1932)
Entstehung
Seite
278
Einzelbild herunterladen
 
  

278

MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

Le grand quartier général russe était représenté auprèsde moi par le général Gilinski dont jai parlé à plusieursreprises. Cest lui qui représenta la Russie à la conférencede Chantilly de décembre 1915. En 1916, il eut à jouer unrôle important en assurant ma liaison avec larmée russe.Je dirai plus loin pourquoi et comment je me séparai delui à lautomne 1916.

Vis-à-vis des Italiens , nous étions dans une situationassez complexe. Comme je viens de le dire plus haut, lethéâtre dopérations italien communiquait librement avecle front franco-anglo-belge et cela nous incitait à lier nosactions avec celles des armées italiennes. Mais lItalie ,en se rangeant à nos côtés, en mai 1915, navait déclaréla guerre quà lempire austro-hongrois, et par un de cesparadoxes auxquels se complaît la politique, elle se trou-vait encore en paix avec lAllemagne lorsque se tint laconférence de Chantilly de décembre 1915. De ce fait, lesopérations de nos alliés dau delà des Alpes étaientconjuguées principalement avec celles de larmée russe,accessoirement avec celles de Serbie et de Salonique,lEntente luttait contre les Autrichiens. Mais il suffitde jeter les yeux sur une carte dEurope pour se rendrecompte de la difficulté que lon éprouvait à essayer defaire concorder des efforts partant de lIsonzo et de lahaute Vistule . On en avait eu la preuve, au printemps 1915,quand le grand-duc Nicolas avait successivement tentéde mettre sur pied des offensives russo-serbes, puis serbo-italiennes.

Cependant la dépendance des fronts russe et italien apparut, au cours de lannée 1916, comme je le rappelleraiplus loin, et ce fut le déclenchement de loffensive desarmées Broussilov qui arrêta lattaque autrichienne lancéeau mois de mai dans le Trentin.

Il nen restait pas moins que le front italien , voisin dunôtre, géographiquement parlant, se trouvait séparé denous par les conditions stratégiques dans lesquelles lapolitique lavait placé.