280 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
que je n’ai jamais eu qu’à me louer de mes relations aveclui, malgré que nos points de vue aient parfois différé. Jesentais, plus qu’il ne le me disait, que sa bonne volonté,son initiative étaient limitées par la situation politiquede son pays, qui empêchait l’Italie d’appliquer à la guerretoutes ses ressources en argent et en hommes. La consé-quence de cet état de choses était que l’armée italiennesouffrait du manque de matériel, en particulier en ce quiconcernait les mitrailleuses et l’artillerie lourde, et qu’ellene pouvait encadrer ni armer les nombreuses classes desoldats qui garnissaient ses dépôts.
J’en eus la preuve peu de temps après la visite du généralCadorna , comme on le verra dans la suite de ce chapitre.
Dans une réunion du Conseil supérieur de la Défensenationale qui eut lieu au début de février 1916, je présentaiun document dans lequel j’avais fait condenser toutes lesétudes entreprises au cours de l’hiver, quant aux possibi-lités de nos ennemis et à l’emploi des forces de la coalition.Le Conseil émit l’avis que les offensives d’ensembledevraient, si possible, être ajournées jusqu’au 1 er juillet,afin que les armées russes fussent en mesure d’y participeravec la totalité de leurs forces reconstituées.
Une réunion des commandants en chef des armées alliéesfut, sur ces entrefaites, reconnue nécessaire pour arrêterdéfinitivement les modalités d’application du plan d’ac-tion de la coalition. Cette conférence eut lieu le 12 mars,alors que la bataille de Verdun était déjà engagée ; elle futprécédée d’une séance du Conseil supérieur de la Défensenationale, qui approuva les décisions prises par moi, ethomologua les propositions que j’allais développer devantles commandants en chef ou leurs représentants.
A cette conférence du 12 mars je synthétisai la situa-tion de la façon suivante :
L’armée allemande a prononcé sur Verdun un effort auquelelle semble vouloir donner un caractère décisif dans le butmanifeste d’user les disponibilités de l’armée française et del’empêcher ainsi de prendre part aux offensives générales, tout