CONFÉRENCE DU 12 MARS
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en cherchant à abattre le moral de la nation par la conquêted’objectifs retentissants.
Si l’ennemi parvenait à atteindre ce but, les armées britan-niques et russes ne pouvant à elles seules obtenir un succèsdécisif sur l’armée allemande, les offensives des Alliés seraientfrappées de stérilité et le plan même de la coalition se trouve-rait compromis.
Il est donc du devoir et de l’intérêt de la coalition de s’op-poser par tous les moyens en son pouvoir à l’affaiblissementdes armées françaises recherché par l’ennemi.
Dans ce but, les attaques des armées alliées doivent êtredéclenchées le plus tôt possible. Toutefois, la résistance éner-gique de l’armée française permet de ne les prononcer que lors-qu’elles seront suffisamment préparées.
L’armée russe se déclarant prête à attaquer dès le moisde mai, les offensives générales semblent devoir être déclenchéesle 15 mai par l’armée russe et le 1 er juin par les autres armées,le délai de quinze jours laissé entre les attaques étant suffisantpour en assurer la concordance.
Pendant le temps qui s’écoulera entre ces dates :
L’armée française, défendant le territoire national, chercheraà briser la ruée allemande, et donner ainsi aux autres arméesla possibilité d’achever leurs préparatifs;
L’armée britannique concentrera en France le maximum deses forces en ramenant ses divisions d’Égypte où une attaquen’est plus à craindre ;
L’armée russe devra exercer sur l’ennemi une pression effi-cace en vue de l’empêcher de retirer des unités et de lui enleverla liberté de ses mouvements ;
L’armée italienne devra s’opposer par une attitude agressiveà tout prélèvement devant elle, et son corps de débarquementà Valona devra retenir par le même procédé les forces autri-chiennes qui lui font face.
Quant à l’armée d’Orient, dont j’avais envisagé le renforcement par l’armée serbe reconstituée et par des unités fran-çaises et britanniques qui auraient porté ses effectifs à400 000 hommes, je dus me contenter, pour l’instant, de larenforcer par l’armée serbe. L’armée d’Orient présenterait uneffectif lui permettant de jouer son rôle dans des conditionsencore satisfaisantes : elle immobiliserait devant elle des forcesennemies importantes et serait en mesure de profiter de touteoccasion favorable pour prendre l’offensive, à condition que