286 •
MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
gouvernement réduisit le programme de moitié, tout aumoins en ce qui concernait les régiments d’infanterie, etil fit même demander par l’intermédiaire du général Pellé,major général, qui avait accompagné le président duConseil en Italie, au mois de février 1916, le secours desressources françaises pour l’armement de nouvelles for-mations et la constitution des nouvelles batteries d’artil-lerie lourde.
Le 22 février 1916, dans une lettre au ministre (1), aprèsavoir récapitulé les demandes italiennes, je lui signalaique nous pourrions sans inconvénient mettre à la dispo-sition du gouvernement italien :
1° Immédiatement 40 canons de 120 L., à prélever dansla zone de l’intérieur avec une dotation initiale de20 000 coups et un réapprovisionnement mensuel de 6 000,soit cinq coups par pièce et par jour ;
2° Six cents mitrailleuses type 1907, dont 200 en marset 400 en avril, avec une dotation initiale de 10 000 coupspar arme, pour le 1 er mai, et un réapprovisionnement men-suel de 1500 coups par pièce, à partir du 1 er mai.
Je proposai qu’en compensation, on étudiât l’aide quipourrait être demandée au gouvernement italien parl’envoi d’ouvriers italiens en France pour la fabricationdu matériel de guerre.
Sollicité le 3 mars par moi, comme j’avais fait pour lesRusses, de prononcer sur les parties praticables de sonfront une offensive de diversion en faveur de notre arméequi se battait toute seule à Verdun, le général Cadorna donna l’ordre aux 2 e et 3 e armées italiennes « d’intensifierleurs patrouilles » sur le front de l’Isonzo , tandis qu’onsimulerait dans la zone Carnia la perte d’un faux docu-ment contenant des ordres d’offensive générale.
Les actions de détail sur l’Isonzo furent effectuées le11 mars ; elles ne produisirent aucun résultat appréciable.Quant au stratagème employé en Carnie, il n’est pas par-venu à ma connaissance qu’il ait causé d’inquiétude à
(1) N° 14702.