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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
ment des divisions anglaises ne serait pas achevé avantseptembre, et il spécifiait que le général Milne, commandantdes forces britanniques, n’était placé sous les ordres dugénéral Sarrail que pour la défense de la ville et du port,ce qui montrait la claire volonté du gouvernement bri-tannique de ne participer en aucune façon aux opéra-tions actives que nous pourrions être amenés à entreprendreen Orient. Cette décision était grave. Je ne serais pasétonné qu’elle ait contribué à refroidir le zèle déjà chan-celant du gouvernement roumain . En tout cas, quand laRoumanie se décida à s’engager, les forces anglaisesn’étaient pas encore équipées pour participer aux opéra-tions des forces alliées d’Orient. Comme on le voit par lesquelques détails que j’indique ici, cette expédition d’Orientm’a causé bien des difficultés et m’a procuré bien desdéboires. L’attitude changeante du gouvernement anglais sur certaines questions en fut la cause principale. Maisj’ai toujours été persuadé que la personne du commandanten chef de l'armée d'Orient, qui n’inspirait à nos alliésaucune confiance , contribua à les maintenir dans un étatd’esprit si contraire aux intérêts de notre cause commune.
Quoi qu’il en soit, je dus me contenter, faute de mieux,d’aviser, le 25 juin, le général Sarrail de prendre ses dis-positions pour être en mesure d’attaquer au besoin avecles seules forces françaises et serbes, s’il devenait néces-saire de fixer les Bulgares à la frontière grecque, pourfaciliter l’entrée en action de la Roumanie. En réponseà mon télégramme, Sarrail m’adressait le surlendemainun plan d’opérations franco-serbes. Ce projet portait lamême marque que les précédents : il ne répondait en rienau rôle que je demandais à l’armée d’Orient de se pré-parer à jouer; on n’y trouvait aucune idée d’ensemble,mais seulement des espèces de coups de main sans portée.
Ainsi,-la situation du point de vue militaire ne se pré-sentait pas sous un jour favorable en Orient. Du pointde vue politique, elle était plus sombre encore. Le diffé-rend entre Londres et Paris était manifestement sur lepoint de tourner à l’aigre, et M. Cambon, notre ambas-