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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
lonté du gouvernement d’Athènes . Le transport de ces120 000 hommes fut donc assuré par les marines alliées,et en majeure partie par la nôtre. Il s’effectua sans in-cident, et le 1 er juin le général Sarrail m’annonçait quele débarquement de l’infanterie serbe était virtuellementterminé. Le 8 juin, les sept divisions serbes étaient ins-tallées dans la presqu’île de Cbalcidique.
Le gouvernement serbe aurait vivement désiré que leprince héritier Alexandre fût investi du commandementen chef des armées alliées d’Orient (1). Je songeai à ré-soudre ce problème par une solution qui consistait àdonner au prince Alexandre le commandement supérieurde toutes les forces à Salonique, en plaçant auprès de luiun chef d’état-major éprouvé. Mes vues se portèrent pourremplir ces fonctions importantes sur le général Micheler, commandant de la 10 e armée française, qui, à ses trèsréelles qualités militaires, joignait celle d’être en très bonstermes avec le ministre de la Guerre, le général Roques,dont il avait été le chef d’état-major quand ce derniercommandait la l re armée.
Je dus renoncer à cette solution qui m’aurait amené àretirer au général Sarrail le commandement qu’il exerçaitsur toutes les armées d’Orient. M. Briand redoutait lesprotestations que cette mesure n’aurait pas manqué desoulever de la part des amis du général Sarrail. Je n’insistaipas.
Je demandai donc, le 1 er mai, au président du Conseilque la subordination de l’armée serbe au général françaiscommandant en chef l’armée d’Orient fût nettement éta-blie. Les négociations traînèrent en longueur. Le princeAlexandre continuait, en attendant, à résider à Corfou .Ce ne fut qu’au début de juin qu’il se décida à mettre sansrestriction son armée sous le commandement du généralcommandant l’armée d’Orient. La question fut défmiti-
(1) Le roi Pierre, âgé et éprouvé par les fatigues de la campagned’automne 1915, avait pratiquement abdiqué ses pouvoirs entreles mains de son fils.