I.’INTERVENTION DE LA ROUMANIE 301
arriver en Russie ; mais surtout l’oiïensive russe attei-gnait les Carpathes. Si la Roumanie laissait passer ce mo-ment décisif, son concours militaire risquait de perdretoute efficacité, et surtout elle se donnait aux yeux desRusses, qui déjà le lui reprochaient, l’allure de l’ouvrierqui arrive quand la besogne est terminée.
Aussi, le 26 juin, insistai-je par un télégramme auprèsdu commandement roumain , et je demandai aux comman-dants en chef des armées alliées d’appuyer mes démarchespour convaincre les Roumains de la complète unité devues de la coalition dans la question.
Le jour même où ce télégramme était envoyé, notreattaché militaire à Bucarest télégraphiait que le généralIliesco, comprenant sans doute la gravité de l’heure, luiavait fait connaître :
Qu’il était prêt à fixer immédiatement la date du pre-mier jour de la mobilisation 40 jours avant la date ga-rantie pour l’arrivée du premier train de munitions àYassi ;
Qu’il n’était pas besoin de consulter M. Bratiano pourdonner cette assurance ;
Et qu’il répondait du roi.
Le jour même je répondais : le premier envoi de muni-tions arrivera à Arkangel vers le 1 er juillet, et peut parsuite être attendu à Yassi pour le 15; les envois réguliersultérieurs commenceront le 1 er juillet.
J’avisai en même temps les hauts commandements russeet britannique de la décision roumaine, et j’insistai auprèsd’Alexeiefî pour obtenir un transit rapide à travers laRussie du matériel de guerre destiné à la Roumanie.
La question roumaine était enfin résolue ; du moinsj’étais en droit de le penser. Mais il allait s’écouler encoredeux mois avant que le premier coup de fusil ne fût tirépar notre nouvel allié.
Avant de poursuivre mon récit, j’ouvre ici une paren-thèse pour raconter un détail qui a laissé dans mes sou-venirs une forte impression, parce qu’elle me donna uneidée de l’âme complexe de l’armée russe.