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MÉMOIRES DU MARECHAL J OFFRE
et en munitions pour fixer l’ennemi et le battre ». Alexeièfî,avec lequel je m’étais mis d’accord, télégraphiait le mêmejour au général en chef italien pour lui demander d’at-taquer énergiquement les Autrichiens. Et je fis appuyernos demandes par la voie diplomatique, par l’intermé-diaire de notre ambassadeur à Rome .
Les événements nous devancèrent. Dans la nuit du24 au 25 juin, les Autrichiens se mettaient en retraited’eux-mêmes sur le front du Trentin. Les Italiens n’enfurent avertis que par l’imprudence de leurs adversairesqui, en se retirant, détruisirent bruyamment des ouvragesd’art. En trois jours, les Italiens reprirent la majeurepartie du terrain perdu. A défaut d’un succès positif,nous enregistrions avec satisfaction le rétablissementd’une situation qui avait un moment été critique. Cadorna ,reprenant confiance, me fit connaître son intention dedonner à sa contre-attaque le développement maximum,tout en poussant activement la préparation de son offen-sive sur l’Isonzo. Le 28 juin, je télégraphiai à Cadorna pour le féliciter de l’unité de vues qui régnait dans leshauts commandements alliés.
Mais ma satisfaction fut de courte durée. La contre-attaque italienne s’arrêta dès que les Autrichiens sefurent décidés à faire front de nouveau. Mais, au moins,pouvions-nous compter sur l’imminence de la batailleque les armées italiennes allaient allumer sur l’Isonzo ?C’est vers ce point que se tourna mon attention.
Dès le début de juillet, le général Alexeiefî, voyant appa-raître sur son front des divisions de l’armée Kovess,ramenées de la région de Trente, me demanda d’insisterauprès de Cadorna pour que l’offensive italienne, dans larégion de l’Adige , fût intensifiée. Il ne m’était pas possiblede transmettre cette demande sous cette forme ; Cadorna était mieux placé que quiconque pour juger où il devaitporter son effort principal. Je savais d’ailleurs qu’il pen-chait pour une solution consistant à se remettre sur ladéfensive en Trentin et à porter son effort maximum surl’Isonzo . Et après tout, ce qui importait, ce n’était pas