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Bukovine (le 10), les armées de Broussilofï envahirent pro-gressivement, de juin à août, une grande partie de la Galicie et de la Bukovine , faisant près de 800 000 prisonniers.
Mais l’obligation d’entretenir la poussée des armées deBroussilofï amena le commandement russe à renoncer àson offensive secondaire qui devait partir de la région deDwinsk . En prenant acte de ces nouvelles dispositions,je confirmai, le 21 juin, au commandement russe, une com-munication que je lui avais faite le 17, par laquelle je luiannonçais que l’offensive franco-britannique allait sedéclencher, et je demandais que les opérations russesgardassent un caractère d’intensité et de durée que nospropres opérations sur le front ouest allaient revêtir. C’està cette condition seulement que la décision pouvait êtreobtenue dans les mois qui allaient suivre. Or, ne recevantplus de nouvelles de l’attaque centrale russe qui auraitdû commencer le 25 ou le 26 juin dans la région de Minsk ,je fus amené le 28 à demander les raisons de ce retard.En l’espèce, il ne s’agissait encore que d’une remise del’opération causée par le glissement des réserves russesvers le sud. Mais quand, au début de juillet, l’opérationput être entamée, on se rendit compte qu’elle n’était plusassez puissamment montée en moyens matériels pourobtenir la rupture du front allemand . Tout au plus,pouvait-elle viser à retenir en Pologne les divisions alle-mandes encore disponibles et par là faciliter la manoeuvredes armées Broussilofï dont l’aile gauche abordait lacrête des Carpathes .
La tournure que prenaient les opérations nous ouvraitdes perspectives très favorables. L’invasion de la Hongrie par le nord redevenait possible, ce qui ne pouvait man-quer d’influencer la Roumanie , dont j’ai dit les hésitations.Accessoirement, on s’emparait des pétroles de Galicie ,indispensables à nos ennemis pour continuer la guerre.
Ces considérations m’amenèrent à ne pas insister pourobtenir l’intensification de la lutte en Pologne , qui gardale caractère d’une action de front.
Aussi, le 20 août, quand je réunis mes commandants de