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2 (1932)
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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

groupe darmées en présence du général D. Haig pourleur exposer la situation densemble, je pus constater quesi la victoire navait encore été nettement obtenue suraucun front, du moins la bataille était partout engagée àfond, et nous marchions vers le dénouement dont le pre-mier acte paraissait devoir être lécrasement de larméeautrichienne. Celle-ci, daprès les renseignements que nousavions et avec lespoir, même limité, que nous pouvionsfonder sur laction des forces nouvelles quallait engager laRoumanie , devait achever de sécrouler à la fin de 1916, ouau plus tard au sortir de lhiver 1916-1917. Les résultatsobtenus nous montraient que nous étions enfin dans labonne voie, quime judicieuse mise en commun de nosmoyens et lintensification de nos efforts nous assuraient,sans optimisme exagéré, dune victoire prochaine.

Lentrée en guerre de la Roumanie , dans un pareilmoment, pouvait déterminer la décision. Quon se rap-pelle seulement que les Russes, depuis le début de leuroffensive, avaient fait sur les Austro-Allemands plus de600 000 prisonniers, et que les Roumains mettaient enligne environ 600 000 soldats ; ainsi la balance en notrefaveur sétablissait en totaux impressionnants.

Mais la guerre ne se règle pas comme un problèmedarithmétique. Pour obtenir, avec lentrée en ligne desRoumains , ce résultat décisif dont je viens de parler, ilfallait que les forces roumaines fissent sentir leur actionau point et au moment voulus et que leur effort militaireprésentât un minimum indispensable de valeur straté-gique et tactique.

Malheureusement, pour que ces conditions indispen-sables fussent remplies, il eût fallu pouvoir établir un plande campagne commun aux Russes et aux Roumains ; lanécessité de ce plan simposait dautant plus que le com-mandement roumain se montrait manifestement inférieurà sa tâche, et que des intérêts divergents et une méfianceréciproque et croissante ôtaient à cette armée inexpéri-mentée laide dune armée aguerrie, et pour le momentvictorieuse.