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groupe d’armées en présence du général D. Haig pourleur exposer la situation d’ensemble, je pus constater quesi la victoire n’avait encore été nettement obtenue suraucun front, du moins la bataille était partout engagée àfond, et nous marchions vers le dénouement dont le pre-mier acte paraissait devoir être l’écrasement de l’arméeautrichienne. Celle-ci, d’après les renseignements que nousavions et avec l’espoir, même limité, que nous pouvionsfonder sur l’action des forces nouvelles qu’allait engager laRoumanie , devait achever de s’écrouler à la fin de 1916, ouau plus tard au sortir de l’hiver 1916-1917. Les résultatsobtenus nous montraient que nous étions enfin dans labonne voie, qu’ime judicieuse mise en commun de nosmoyens et l’intensification de nos efforts nous assuraient,sans optimisme exagéré, d’une victoire prochaine.
L’entrée en guerre de la Roumanie , dans un pareilmoment, pouvait déterminer la décision. Qu’on se rap-pelle seulement que les Russes, depuis le début de leuroffensive, avaient fait sur les Austro-Allemands plus de600 000 prisonniers, et que les Roumains mettaient enligne environ 600 000 soldats ; ainsi la balance en notrefaveur s’établissait en totaux impressionnants.
Mais la guerre ne se règle pas comme un problèmed’arithmétique. Pour obtenir, avec l’entrée en ligne desRoumains , ce résultat décisif dont je viens de parler, ilfallait que les forces roumaines fissent sentir leur actionau point et au moment voulus et que leur effort militaireprésentât un minimum indispensable de valeur straté-gique et tactique.
Malheureusement, pour que ces conditions indispen-sables fussent remplies, il eût fallu pouvoir établir un plande campagne commun aux Russes et aux Roumains ; lanécessité de ce plan s’imposait d’autant plus que le com-mandement roumain se montrait manifestement inférieurà sa tâche, et que des intérêts divergents et une méfianceréciproque et croissante ôtaient à cette armée inexpéri-mentée l’aide d’une armée aguerrie, et pour le momentvictorieuse.