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Nous avions offert aux Roumains, entre autres choses,80 tonnes d’acier et 10 tonnes de poudre par mois. Lecolonel Rudeanu déclara que ces quantités leur étaientnécessaires non par mois, mais par jour. Et, à sa note, ilajoutait : du cuivre, du laiton, du maillechort. On tran-sigea à 20 tonnes de poudre et 500 tonnes d’acier en barrepar mois.
Pendant ce temps, l’état-major russe cherchait à jeterles bases d’une convention militaire avec les Roumains.
Le bon sens commandait que ces derniers se missentsous la direction des Russes et qu’ils portassent leur effortprincipal contre l’Autriche , en liaison avec la gauche deBroussiloff. Mais les Roumains ne paraissaient pas con-vaincus de cette vérité évidente, et une partie de l’état-major roumain préconisait une offensive immédiate contreles Bulgares.
Pour éviter que ces divergences de vues ne tournassentau conflit, j’obtins que le général Janin, mon représentanten Russie , pût intervenir dans ces négociations, et, à lafaveur de son action conciliatrice, les difficultés s’apla-nirent. Le 16 juillet, le projet de convention militaireétabli par Alexeieff me fut soumis. Ce document constituaitun témoignage de réelle bonne volonté du commande-ment russe. Celui-ci, tout en indiquant que l’armée rou-maine avait intérêt à porter son effort principal en Tran-sylvanie , admettait la solution inverse (une opération prin-cipale contre les Bulgares). Il promettait un appui sérieuxen Dobroudja, et garantissait à l’armée roumaine l’auto-nomie qu’elle revendiquait.
Par télégramme du 18 juillet, j’invitai notre attachémilitaire (1) à Bucarest à appuyer auprès du général Iliescole point de vue russe présenté par le colonel Tatarinof,agent du général Alexeieff en Roumanie .
Le 23 (2), je réunis à Paris une conférence à laquelle
(1) Au début de juillet, M. de Saint-Aulaire et le lieutenant-colonelDesprez avaient remplacé, à Bucarest , M. Blondel et le commandantPichon.
(2) Il y eut une conférence préliminaire à Chantilly, le 22.