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à la droite des Roumains, étendit son front vers le sudjusqu’au col de Giymès, prenant à son compte une partiedu front roumain . Trois corps d’armée et un corps decavalerie furent dirigés sur le front roumain . Bien que laretraite roumaine ait pris en Transylvanie l’allure d’unedéroute, je pouvais espérer que ces mesures rétabliraient,dans les premiers jours de novembre, une situation qui neme paraissait pas désespérée, étant donné le peu de moyensdont disposait l’ennemi. Malheureusement, Alexeiefî avaiten ce moment perdu toute confiance dans les Roumains,et il ne leur accordait plus aucun crédit. J’ai l’impressionqu’il ne prit les dispositions que je viens de dire que pourdéférer à mes instantes sollicitations. Peut-être mêmen’était-il pas aussi navré que nous-mêmes des désastresqui menaçaient la Roumanie , voulant, par là, montrerà cette alliée qu’on avait moins besoin d’elle qu’elle n’avaitbesoin de la Russie . Et le colonel Rudeanu me rapportait,les larmes aux yeux, un propos prêté au chef d’état-majordu tsar : « L’entrée en action de la Roumanie est une véri-table calamité. »
La poursuite des opérations russo-roumaines dans unepareille atmosphère ne pouvait être marquée que par desretards, des chicanes, du désordre et, en fin de compte,des désastres.
Le général Berthelot n’était pas encore arrivé à sonposte. Peut-être serait-il parvenu à remettre quelque har-monie dans ce gâchis. En attendant, je tentai encore uneffort personnel pour remonter ce courant.
Le 2 novembre, alors que nous venions d’arrêter à laconférence de Boulogne (1), dont je parlerai plus loin, lesdispositions nécessaires pour renforcer l’armée d’Orient,je demandai à Alexeiefî de reprendre une offensive d’en-semble russo-roumaine contre les Bulgares, combinée avecun effort de l’armée d’Orient.
Mais déjà les destins s’accomplissaient.
(P 20 octobre.