Druckschrift 
2 (1932)
Entstehung
Seite
319
Einzelbild herunterladen
 
  

LA ROUMANIE

319

la conduite des opérations, ni dans les relations de nosdeux alliés de lEst.

Tandis que les Roumains se préparaient à livrer surlArgès une bataille dont leur capitale était lenjeu, sansque les Russes fissent rien pour les soutenir, le généralGourko organisait tranquillement un nouveau front allantde la mer Noire aux Carpathes , en sacrifiant à lavancela majeure partie du territoire roumain . Aux appels dugénéral Berthelot qui demandait pour la Roumanie lappuide larmée Letchiski dont jai déjà parlé, et celui delarmée Sackarof qui occupait la région des Bouches duDanube, Gourko répondit quil ne donnerait « ni un hommeni un canon ».

Je tentai une suprême et solennelle démarche auprèsdu haut commandement russe pour obtenir en faveurdes Roumains une aide immédiate et efficace (1).

Je communiquai le texte de mon télégramme au pré-sident de la République et je demandai à M. Poincarédintervenir personnellement auprès du tsar.

Nos appels ne furent pas entendus. Le 3 décembre,les Roumains étaient mis en déroute. Le 4 au soir, jadres-sai un dernier appel pour obtenir que le corps de cavalerierusse à trois divisions et le 8° corps qui étaient au reposà proximité du champ de bataille, fussent engagés poursauver Bucarest . Il était déjà trop tard. Les prévisionsdAlexeieff et de Gourko se réalisaient : un front exclu-sivement russe sétendait maintenant de la mer Noire àla Baltique. Les deux tiers de la Roumanie , son blé, sonpétrole étaient aux mains de lennemi qui venait de rem-porter un succès auquel il ne devait pas sattendre lui-même. Les débris de larmée roumaine , recueillis sur lefront russe, allaient heureusement se reconstituer sous lasage et bienfaisante action du général Berthelot.

Il nen restait pas moins que cette catastrophe, incom-préhensible pour ceux qui nen avaient pas suivi commemoi la genèse, était un grand malheur. Elle atteignait

(1) Télégramme du 28 novembre.