Druckschrift 
2 (1932)
Entstehung
Seite
320
Einzelbild herunterladen
 
  

320

MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

lEntente au moment les peuples étaient justementen droit de recueillir les fruits de leurs sacrifices. A cemoment je regrettai une fois de plus, amèrement, le départdu grand-duc Nicolas, si intelligent, si énergique et si loyalcommandant en chef des armées russes du début de laguerre.

La lourde faute commise à ce moment par le commande-ment russe, que les Roumains payaient si cher, et dontles Russes eux-mêmes nallaient pas tarder à supporterles terribles conséquences, achevait de méclairer sur létatde crise latent qui couvait au grand quartier généralrusse. Jen eus à mon quartier général le contre-coup.

Je veux parler dune série dincidents que provoquale général Gilinski.

Jai parlé déjà à plusieurs reprises, dans ces Souvenirs ,du général Gilinski. Jai indiqué quelles étaient ses rela-tions avec le ministre de la Guerre russe, le général Sou-khomlinof, dont le jeu nous était si suspect.

Néanmoins, dans les premiers mois de 1916, lattitudedu général Gilinski fut correcte, et il me paraissait remplirdune façon satisfaisante le rôle dagent de liaison delarmée russe auprès de moi. Un premier incident vintbrusquement mouvrir les yeux sur lui.

Le 30 août, lun des officiers de sa mission, le colonelKrivenko, demanda son rappel. Jappris que Krivenkose plaignait de ce que le général Gilinski transmettaità la Stawka les rapports quil lui remettait sur les opéra-tions françaises, dans un sens toujours nettement défa-vorable à la France . A quel sentiment obéissait Gilinski?Je ne saurais le dire. Soukhomlinof était accusé de fairepartie de ceux qui, en Russie , désiraient une paix séparéeavec VAllemagne. Toujours est-il quayant perdu touteconfiance dans lattitude de Gilinski, jécrivis le 16 sep-tembre au président du Conseil une lettre pour provoquerle départ du général. Nallant jamais au front, il dénatu-rait les rapports de ses officiers que jautorisais à se rendredans les armées, et inversement, il substituait parfois sapropre opinion à celle du général Alexeiefï dans les com-