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munications que ce dernier chargeait Gilinski de me faire.
Le 6 octobre, le général Gilinski m’apporta un télégrammed’Alexeieff dans lequel celui-ci faisait part de ses craintespour la situation roumaine. Il était décidé à ne pas laisserécraser la Roumanie comme on avait laissé sombrer laSerbie , mais il faisait remarquer combien la questionroumaine était, dès à présent, une lourde charge pourl’armée russe. Celle-ci, pour soulager les Roumains, étaitobligée fréquemment d’attaquer sans préparation ; lemanque de canons et de munitions se traduisait pour lesRusses par des sacrifices de plus en plus grands en hommes.En conséquence, il demandait que l’armée d’Orient inten-sifiât son effort par l’envoi de nouvelles divisions à Salo-nique.
Je fis observer à Gilinski que je n’étais pas libre derenforcer, comme je le désirais, l’armée d’Orient ; quel’armée française qui venait de perdre 300 000 hommesà Verdun et qui menait une dure bataille sur la Sommedepuis trois mois, ne pouvait en bonne justice assumerà elle seule la charge de l’armée d’Orient ; que j’avais faitmon possible pour amener les Anglais et les Italiens àintensifier leur effort dans les Balkans , mais que je nepouvais les y contraindre.
Gilinski se retira, et il envoya aussitôt un télégramme àAlexeieff dans lequel il laissait entendre qu’aucune intensi-fication d’effort n’était à espérer de Salonique , et que, surla Somme, on ne devait espérer d’autre résultat que ceuxproduits jusqu’à ce jour par un effort lent et limité (1).
Le 18 octobre, le général Gilinski demanda de nou-veau à être reçu par moi. Il commença par m’entretenird’un détail. Nous venions d’envoyer 190 canons lourdsen Russie. Alexeieff me faisait demander d’accompagnercet envoi de 300 coups par pièce au lieu de 100 qui avaientété prévus. Gilinski entama alors une dissertation sur
(1) Bien entendu, ce ne fut qu’après le départ de Gilinski quej’appris le sens dans lequel il avait transmis à la Stawka la conver-sation que nous venions d’avoir ensemble.
T. II.
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