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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
Monastir, mais s’installaient aux abords de cette ville qu’ilstenaient sous leurs canons. Ce fut la dernière victoire del’armée d’Orient en 1916. Elle ne put pousser plus loin sesavantages de ce côté, ni entamer sur le Vardar la progres-sion que je lui assignais encore le 22 novembre, en confor-mité des décisions prises par la conférence des générauxen chef, tenue le 15 novembre à Chantilly (1).
D’ailleurs, la défaite décisive de l’Argès créait aussitôtaprès une situation nouvelle. Le 6 décembre, je transmisà Sarrail un long télégramme du ministre de la Guerreinsistant sur la nécessité d’organiser solidement la défensedu front.
Le 11 décembre, j’approuvai le point de vue du généralSarrail qui considérait la campagne offensive comme ter-minée et je donnai le signal d’arrêt.
La campagne de 1916 était close.
Le récit qui précède donne une idée approchée des diffi-cultés auxquelles je me suis heurté pour essayer de coordonnerdes opérations qui se déroulaient à des centaines de lieuesdu front sur lequel je menais la guerre contre le gros desarmées allemandes, et sur lesquelles, comme je l’ai déjàdit, je n’avais d'autre autorité que celle que nos alliés vou-laient bien me reconnaître.
Malgré tout, les résultats en ce qui concerne l’entrée enguerre de la Roumanie auraient été plus considérables etma tâche m’eût paru relativement aisée, si le commandantdes forces alliées de Salonique m’avait secundé dans lamesure où j'étais en droit de l'espérer.
Certes, je ne nie pas que la mission du général Sarrailne fût elle-même ardue. Il avait à diriger une armée dis-parate, dont les éléments ne lui obéissaient qu’autant queles chefs respectifs le voulaient bien ou que les instructionsde leurs gouvernements le leur permettaient.
Cette situation exigeait de la part du général Sarrailune somme inépuisable de tact et une grande compréhen-
(1) Voir au chapitre suivant.