l’armée d’orient
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de Castelnau, sous prétexte qu’on ne pouvait faire ins-pecter Sarrail en pleine bataille par Castelnau . Le généralRoques et l’amiral Lacaze plaidèrent la nécessité de cetteinspection. Albert Thomas mit tout le monde d’accorden proposant de retarder de quelques jours le départde Castelnau, ce qui donnerait aux événements de Rou-manie le temps de se dessiner, et à ceux de Grèce de sepréciser. Désireux sans doute de se rallier les membresde gauche du Cabinet, M. Briand, en sortant du Conseil,dit au ministre de la Guerre : « Il est bien entendu, général, etvous le direz au général Jofïre, que, dorénavant, aucun offi-cier exerçant un haut commandement ne devra être déplacésans que la question ait été soumise au gouvernement ».
Cette phrase fixait une règle nouvelle , dangereuse , quiétait une grave atteinte à mes prérogatives. Responsabledes opérations devant le gouvernement , je n’étais pluslibre désormais de choisir les plus dignes pour exercerles commandements ni pour en écarter les incapables. Laporte était ouverte à toutes les intrigues politiques.
Le 10 septembre, je rendis visite à M. Briand.
Nous nous entretînmes des questions orientales. Noustombâmes d'accord sur l’inopportunité d’envisager le dé-placement du général Sarrail avant l'offensive qu’il devaitdéclencher le surlendemain. Et nous écartâmes l’idée d’en-voyer pour le moment de nouveaux renforts à Salonique .
Le 29 septembre, au retour d’un déplacement dans laSomme, le général Pellé me donna lecture d’un télégrammedu colonel de Gondrecourt relatif à un incident qui venaitde surgir entre le général Sarrail et le général Petiti,commandant les forces italiennes de l’armée d’Orient.
Voici ce qui s’était passé. Une division française avaitété retirée du front et le secteur de cette division confiébrusquement, partie aux Anglais , partie à la division ita-lienne, derrière laquelle avait été maintenue une brigadefrançaise. Puis cette dernière avait été retirée à son tour.Le général Petiti se plaignait de n’avoir été averti qu'audernier moment de ces changements , et il avait transmissa plainte au général Cadorna.