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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
J e décidai d’informer aussitôt le président du Conseilet le ministre de la Guerre de cet incident, et de leursoumettre le projet d’un télégramme à envoyer au gé-néral Sarrail.
Le lendemain, je reçus du général Roques une lettreme faisant connaître que le Conseil des ministres avaitdécidé de ne pas envoyer le général de Castelnau en Orient.Pour l’incident Petiti, le ministre admettait que cetincident devait être dû au manque d’officiers d’état-majordont disposait le général Sarrail et au manque de liaisonentre unités subordonnées.
L’affaire parut en effet s’arranger. Sarrail alla voirPetiti et il me télégraphia que ce dernier était lui-mêmetrès étonné du bruit fait autour de cet incident. Maisle colonel de Gondrecourt me télégraphiait, le 6 octobre,que le commandement suprême italien paraissait plusopposé que jamais à renforcer ses troupes en Orient.
Cet incident était à peine éteint, qu’un autre plusgrave surgissait entre le général Sarrail et le général Cor-donnier ■, commandant de l’armée française d’Orient. Cedernier se préparait à attaquer, le 6 octobre, quand legénéral Sarrail, estimant que les opérations n’allaient pasassez vite à son gré — ce qui était également mon avis— lui intima, le 2, l’ordre d’attaquer le 3, quelle que fûtla préparation... ou de se démettre de son commande-ment.
Le 13, un incident pareil se reproduisit. Le généralSarrail ordonna pour le lendemain une attaque, malgrél’avis du général Cordonnier.
Deux jours plus tard, j’apprenais que le général Jé-rome était chargé de prendre la direction de l’attaque,et le général Sarrail demandait impérativement et immé-diatement le rappel du général Cordonnier.
Le même jour, un télégramme du commandant Requin m’annonçait que l’attaque du 14 avait été un échec com-plet devant Monastir . La préparation d’artillerie avait étéabsolument insuffisante, le tir des batteries destinées àlutter contre l’artillerie ennemie avait été inefficace par