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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
l’impression que le général Roques allait rapporter deSalonique.
Le commandant Herbillon me rendit compte, ce jour-là,du contenu d’un télégramme du ministre de la Guerre,déclarant que tout allait bien à Salonique, que le dépla-cement du général Sarrail serait une injustice, qu’il suf-firait de lui donner un bon chef d’état-major et que lesreproches qui lui étaient adressés étaient injustifiés.
Je ne puis d’ailleurs mieux faire que de reproduire cetélégramme, qui me surprit d’autant plus que les témoi-gnages recueillis par le général Roques auprès des générauxitaliens, serbes, russes et anglais ne faisaient pas la moindreallusion aux multiples incidents dont j’avais été saisiofficiellement :
MINISTÈRE République française .
DE LA GUERRE Dépêche télégraphique.
Salonique , le 12 novembre 1916. 7 h. 15.
LE MINISTRE DE LA GUERREà guerre (cabinet), Paris .
N° 23. Pour le Président du Conseil.
J’ai fait toute tournée utile et entendu toutes personnespouvant me renseigner, notamment officiers indiqués par votretélégramme n° 21. Voici mes conclusions :
Général Sarrail est resté ce que nous l’avons toujours connu,vigoureux, actif, intelligent, mais très personnel. Il opèrebeaucoup par lui-même et préfère voir les commandants alliésque leur écrire. Son état-major n’est pas toujours renseignésur ses intentions et si l’on examine sa science militaire auseul point de vue archives ou documents habituels, on y trou-verait lacunes ; mais, en fait, il a obtenu, avec effectifs faibleset des troupes fatiguées par la maladie, tous les résultats qu’onpouvait espérer; en fait également, les opérations anglaiseset italiennes ont eu lieu en même temps que les attaques