PRÉVISIONS DU MATÉRIEL
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Tout d’abord, celui de l’appel de la classe 1918, dontj’avais maintes fois déjà demandé le recensement et l’in-corporation. Le ministre estimait que la classe 1917 ayantété incorporée en janvier, il fallait suivre ce précédentpour ne pas donner une impression analogue à celle quedonnaient les Allemands, qui consommaient près de deuxclasses par an. Sans méconnaître ce point de vue, jeplaidai en faveur d’une incorporation en octobre, saisonplus propice à l’acclimatement. Cette date donnerait auxjeunes conscrits le temps de s’instruire dans les dépôts,et nous serions bien heureux de les trouver au printempsprochain. J’eus gain de cause sur ce point. On décida quele recensement serait fait sans tarder. Il apparaissaitd’ailleurs clairement qu’en commençant les opérations durecensement au début de septembre, l’incorporation nepourrait guère avoir lieu avant janvier.
Sur la question du matériel, j’insistai sur la nécessitéd’augmenter sa puissance, pour parer au déficit de notreinfanterie dont les pertes s’élevaient (d’après les calculsdu ministre) à 55 000 hommes par mois. Le ministre necontesta pas mon opinion, mais il discuta les programmesque j’avais fait établir par mon état-major et que jeconsidérais comme un minimum indispensable. Le généralRoques craignait que ces demandes ne fussent supé-rieures aux possibilités de notre industrie.
Enfin, sur le chapitre de la réduction du nombre desrégiments d’infanterie des divisions, le principe en futadmis ; la nécessité nous y aurait d’ailleurs contraintset les Allemands étaient entrés dans cette voie, dès 1915.Le président du Conseil demanda qu’on conservât le noyaudes régiments dissous, avec leur drapeau, à cause du sen-timent national qui s’attachait à l’existence des régiments,dont beaucoup avaient de glorieuses et lointaines tradi-tions, et qui tous avaient ajouté au cours de cette guerreune page brillante à leur histoire. L’idée était heureuse.J’envisageai la constitution des divisions à dix bataillons,dont un bataillon de dépôt qui porterait le numéro durégiment supprimé.