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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
porter le3 coups les plus rudes à leurs ennemis communs. D’unautre côté, il serait superflu d’insister sur l’insuffisance deseffectifs de l’armée d’Orient et sur les dangers auxquels elleserait exposée si on ne lui envoyait pas à temps les renfortsnécessaires. Vous avez toujours apprécié les services que l’arméed’Orienr est susceptible de rendre à la cause de tous les Alliés,et le rôle des délégués serbes est d’attirer votre attention sur cequ’il faut faire encore pour que cette armée puisse remplir effi-cacement sa tâche si importante. Je vous prie de leur réserverun accueil bienveillant et vous m’obligerez beaucoup si vousvoulez bien les soutenir à la conférence de tout le poids devotre autorité.
; • Veuillez recevoir, mon cher Général, l’expression de mesmeilleurs sentiments.
Alexandre.
La conférence s’ouvrit le 15 novembre à 10 heures àmon quartier général de Chantilly.
Je commençai par souhaiter la bienvenue aux repré-sentants des puissances alliées. Puis, après avoir marquéen quelques mots les résultats obtenus au cours del’année 1916, je chargeai le général Pellé de donner lec-ture du mémorandum du 12 novembre.
Le colonel Rudeanu fit observer que s’il était effective-ment regrettable que l’intervention roumaine se soit pro-duite tardivement, on devait regretter également que laRoumanie n’eût pas été mise plus rapidement par lesAlliés en état d’entrer en campagne. En particulier, depuisle début de la guerre, il avait signalé aux puissances alliéesl’insuffisante dotation en munitions de l’artillerie rou-maine, et il avait spécifié que si les fournitures nécessairesn’étaient pas faites avant l’entrée en campagne de laRoumanie, on parviendrait difficilement à satisfaire auxbesoins de l’armée. Il constatait qu’actuellement encore,malgré les efforts de la France, de l’Angleterre et de laRussie, la Roumanie ne recevait pas tout ce qui lui étaitnécessaire.
Je répondis au colonel Rudeanu que la rédaction del’état-major général français ne comportait aucun reproche