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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
C’est dans cet ordre d’idées que je me préoccupai deréaliser la coopération portugaise et l’intervention japo-naise que les circonstances politiques semblèrent rendrepossibles au cours du deuxième semestre 1916.
La question portugaise était déjà posée depuis quelquetemps lorsque j’eus à m’en préoccuper sur la demande duprésident du Conseil. Le Portugal avait, en effet, déclaréla guerre aux Empires Centraux et mis sur pied quelquesunités dont il souhaitait que les Alliés fissent usage.
Dès le 5 juillet (1), j’avais indiqué que ce concours nedevait pas être négligé, mais qu’avant de déterminerl’emploi des contingents portugais , il convenait de con-naître la valeur militaire de ces contingents et dans cebut de faire partir rapidement pour le Portugal la missionmilitaire dont j’avais précédemment préconisé l’envoi.
De fait, une mission placée sous les ordres du lieutenant-colonel Paris partit pour Lisbonne et, après enquête, émitun avis favorable à la division de Tancos, qui, au com-mencement d’octobre, était mobilisée et prête à embar-quer.
Au reçu de ces renseignements, je demandai que letransport de cette division en France fût entrepris le plustôt possible et qu’elle fût installée sur notre territoire dansun camp où elle achèverait son instruction sous la direc-tion de cadres français. En dernier lieu, après échange devues entre les gouvernements britannique et français, ilfut décidé (2 novembre) que la division de Tancos seraitamenée sur le front de France , mais instruite, ravitailléeet utilisée par l’armée britannique.
On a vu dans un précédent chapitre de ces Souvenirs (2),que, dès 1914, je m’étais préoccupé d’assurer une coopéra-tion effective des excellentes troupes japonaises avec lesAlliés. Dans les derniers mois de 1916, l’intervention activedu Japon dans les opérations de guerre des Alliés parut surle point d’entrer dans le domaine des réalités. L’ambas-
(1) Lettre au président du Conseil, n° 3052.
(2) 2 e partie, chap. vi. T. I, p. 486-487.