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MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
droite dont j’ai parlé plus haut, dont l'évacuation s'exécu-terait à mesure que le payement des indemnités serait lui-même effectué.
La Belgique . — Pour les mêmes raisons que pour laFrance, j’admettais que la Belgique ne devait pas pro-céder à des annexions de force.
Toutefois j’estimais qu’il était juste de donner à notrealliée :
1° La rive gauche de l’Escaut en aval d’Anvers, indis-pensable à la liberté économique et militaire de la Bel-gique ;
2° Le Limbourg hollandais, qui a appartenu à la Bel-gique de 1815 à 1839. Pour ne pas annexer une trop forteproportion de Hollandais, cette annexion se réduirait à laboucle de Maëstricht, jusqu’à l’étranglement de Maesyck.Cette annexion se justifiait par un intérêt militaire incon-testable.
Pour indemniser la Hollande de la perte de ces enclaves,je proposais de lui donner la Frise orientale, et les îles fri-sonnes de Borkum à Wangeroog.
3° Le grand-duché de Luxembourg avait fait partie de laBelgique de 1815 à 1839. Sa population n’est pas de men-talité allemande. Dans l’organisation des pays de la rivegauche du Rhin, j’envisageais trois solutions pour ce pays.Il choisirait lui-même : soit le maintien de son indépen-dance grevée par une occupation militaire permanentepar un corps franco-belge, soit l’annexion à la France, soit la réunion à la Belgique.
Si cette dernière puissance acceptait une alliance intimeavec la France, celle-ci pourrait renoncer à toute préten-tion sur le Luxembourg. Les habitants du grand-duchén’auraient alors qu’à choisir entre l’indépendance et laréunion à la Belgique.
4° Enfin, les Belges revendiquent du côté de la Prusserhénane la frontière antérieure à 1815. Il semble que larectification de frontière admissible consisterait à donnercomme limite l’Our jusque vers sa source, puis la ligne