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2 (1932)
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MÉMOIRES DE MARÉCHAL JOFFRE

des opérations par des stratèges en chambre qui ignoraienttout de la guerre, des conditions particulières dans les-quelles nous nous trouvions et des difficultés auxquellesnous nous heurtions, tant en ce qui nous concernait direc-tement quen ce qui regardait nos relations avec nos alliés ?Et dans un temps le salut du pays exigeait que la con-corde et lunion fussent la suprême loi, pouvait-on laisser sedéchaîner des articles qui dressaient lavant contre larrière,la troupe contre les états-majors, les fantassins contre lesartilleurs, larmée contre ses chefs?

La France , diront certains, avait conquis ses libertéspolitiques et il lui était dur de renoncer à celle de la presseà laquelle elle tenait. Le soldat de la tranchée navait-ilpas, lui, abandonné toutes ses libertés pour venir défendrela liberté tout court et lexistence du pays menacéespar lenvahisseur? Si la guerre faisait un devoir aux ci-toyens mobilisés de sacrifier leur vie, ne pouvait-on de-mander aux citoyens de larrière de sacrifier pour un tempsleur droit de parler et leur imposer la loi du silence ?

Dans les premies jours de lannée 1916, les intempé-rances de la presse prirent une telle allure, que je dus in-tervenir directement auprès du gouvernement.

Le 14 janvier, je remis moi-même au général Gallieni,ministre de la Guerre, une lettre dans laquelle jattiraisson attention sur cette question :

Le général commandant en chefà Monsieur le ministre de la Guerre.

( Cabinet-Personnelle).

Au grand quartier général, le 14 janvier 1916 .

Dans ces dernières semaines, les critiques adressées parcertains journaux au commandement se sont répétées de tellemanière quelles semblent prendre le caractère dune véritablecampagne de malveillance.

Je citerai VHomme enchaîné , Paris-Midi , la Victoire.

Je rappelle également la publication par le Journaldu 10 janvier dun document adressé au sous-secrétariat dÉtat