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MÉMOIRES DU MARÉCHAL J OFFRE
C’était le quatrième ministre de la Guerre auquel j’étaissubordonné depuis le début de la guerre. Le premier,M. Messimy, était un ancien militaire. Il n’avait duré quequelques semaines après le début des opérations. Du second,M. Millerand, j’ai dit déjà tout le bien que je pense delui, toute la gratitude que je lui garde pour l'appui iné-branlable que j'ai trouvé en lui , et pour l’impulsion vigou-reuse qu’il a donnée à nos fabrications de guerre. Avec sonsuccesseur, mes relations, pendant son court ministère,furent cordiales en dépit des inévitables divergences, commecelle que je viens de mentionner, qui s’élevèrent parfoisentre nous. Malgré son entourage, qui nourrissait à monendroit des intentions peu favorables, comme je l’ai ditailleurs, Gallieni tint la promesse de collaboration loyaleet franche qu’il m’avait promise le jour où il avait assuméle pouvoir.
La personnalité du général Roques était de moindrepoids que celle du pacificateur de Madagascar. La véritém’oblige à dire que le général Roques arrivait au ministèredans un moment où les passions politiques n’étaient plusétouffées par le danger pressant que nous avions couruen 1914. Sa situation était donc relativement plus difficile— du point de vue politique — que celle de ses prédéces-seurs. Mais je dois ajouter qu’il me fit regretter le ministrecivil que j’avais eu aux heures graves de 1914, et pendantl’année 1915, qui assumait sans faiblir toutes les respon-
sujet de la personnalité qui serait appelée à remplacer le généralGallieni. On songea à M. de Freycinet, qui avait près de quatre-vingt-dix ans. M. Briand pensa à prendre le ministère de la Guerreet à céder les Affaires étrangères à M. Bourgeois. Finalement, ondécida de prendre un général. Le gouvernement balança entre lesgénéraux Lyautey, Dubail et Roques. J’avais songé au généralFamin, directeur des troupes coloniales, qui avait rendu de trèsgrands services depuis le début de la guerre.
Finalement, après avoir hésité sur le nom du général Roques, dontje craignais un peu le manque de caractère vis-à-vis des parle-mentaires, je fis téléphoner le 14 mars, de Souilly (où je me trou-vais), au général Pellé pour dire que je ne ferais pas d’objection à lanomination du général Roques.