LE GÉNÉRAL ROQUES
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sabilités, sauvegardait ma liberté d’action, et encaissaitgaillardement les coups que lui portaient les parlementairesimpatients aussi bien que ceux qui, par-dessus sa tête,m’étaient destinés.
Dans les premiers temps de son ministère, nous vécûmes,le général Roques et moi, sur un pied de très grande cor-dialité, et notre commune origine de polytechniciens,d’officiers du génie et le souvenir de nos campagnes enIndo-Chine, donnaient à cette cordialité le caractère d’uneaffectueuse camaraderie.
Cependant, dans le courant des mois de mai et de juin,la crise de Verdun, qui prenait de nouveau aux yeuxdes parlementaires et du pays une forme aiguë contras-tant avec l’apparente immobilité des Anglais , déterminadans les Chambres françaises un malaise croissant quiaboutit aux séances du Comité secret (du 16 au 22 juinpour la Chambre des députés, du 4 au 9 juillet pour le Sénat ).
Je n’ai pas à faire l’historique de ces séances sur les-quelles j’étais renseigné par M. Philippe Berthelot , lebras droit de M. Briand, qui venait de temps à autre dé-jeuner à ma table et me tenait au courant des fluctuationspolitiques. Ce Comité secret fut l’occasion pour M. Briandde prononcer d’excellents discours qui lui rallièrent lagrande majorité des suffrages.
Toutefois, l’ordre du jour de la Chambre qui terminaces débats contenait une dangereuse innovation, en déci-dant « d’instituer et d’organiser une délégation directequi exercerait, avec le concours du gouvernement, lecontrôle effectif et sur place de tous les services ayant lamission de pourvoir aux besoins de l’armée ».
Évidemment, la Chambre affirmait sa volonté de s’abs-tenir strictement d’intervenir dans la conception, la direc-tion ou l’exécution des opérations-, mais, en entr’ouvrantla porte au contrôle parlementaire, on ne savait pas où ils’arrêterait (les événements de 1917 l’ont montré). Qu’on serappelle la lettre que j’avais adressée, le 26 juin 1915, auministre de la Guerre, qui se terminait par ces mots aux-quels, aujourd’hui encore, je ne verrais rien à changer : « Le