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2 (1932)
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LE GÉNÉRAL ROQUES

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sabilités, sauvegardait ma liberté daction, et encaissaitgaillardement les coups que lui portaient les parlementairesimpatients aussi bien que ceux qui, par-dessus sa tête,métaient destinés.

Dans les premiers temps de son ministère, nous vécûmes,le général Roques et moi, sur un pied de très grande cor-dialité, et notre commune origine de polytechniciens,dofficiers du génie et le souvenir de nos campagnes enIndo-Chine, donnaient à cette cordialité le caractère duneaffectueuse camaraderie.

Cependant, dans le courant des mois de mai et de juin,la crise de Verdun, qui prenait de nouveau aux yeuxdes parlementaires et du pays une forme aiguë contras-tant avec lapparente immobilité des Anglais , déterminadans les Chambres françaises un malaise croissant quiaboutit aux séances du Comité secret (du 16 au 22 juinpour la Chambre des députés, du 4 au 9 juillet pour le Sénat ).

Je nai pas à faire lhistorique de ces séances sur les-quelles jétais renseigné par M. Philippe Berthelot , lebras droit de M. Briand, qui venait de temps à autre dé-jeuner à ma table et me tenait au courant des fluctuationspolitiques. Ce Comité secret fut loccasion pour M. Briandde prononcer dexcellents discours qui lui rallièrent lagrande majorité des suffrages.

Toutefois, lordre du jour de la Chambre qui terminaces débats contenait une dangereuse innovation, en déci-dant « dinstituer et dorganiser une délégation directequi exercerait, avec le concours du gouvernement, lecontrôle effectif et sur place de tous les services ayant lamission de pourvoir aux besoins de larmée ».

Évidemment, la Chambre affirmait sa volonté de sabs-tenir strictement dintervenir dans la conception, la direc-tion ou lexécution des opérations-, mais, en entrouvrantla porte au contrôle parlementaire, on ne savait pas ilsarrêterait (les événements de 1917 lont montré). Quon serappelle la lettre que javais adressée, le 26 juin 1915, auministre de la Guerre, qui se terminait par ces mots aux-quels, aujourdhui encore, je ne verrais rien à changer : « Le