Druckschrift 
2 (1932)
Entstehung
Seite
388
Einzelbild herunterladen
 

388

MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE

général en chef est responsable devant le gouvernementqui peut le relever sil napprouve pas ses actes. Il ne peuty avoir dautre contrôle pendant laction (1). » Javais àredouter, non pour moi-même mais pour les intérêtssupérieurs de larmée, les atteintes à la discipline quedes propos, tenus à des parlementaires en mission par desofficiers mal renseignés ou désireux de se mettre en lu-mière, ne manqueraient pas dapporter quand le contrôlefonctionnerait. De plus, malgré que la Chambre eût affirméne pas vouloir simmiscer dans la conduite des opérations,je sentais que des entraves métaient peu à peu imposéesdans lexercice de mon commandement. En particulier,jestimais que ma responsabilité vis-à-vis de ma conscienceet du pays était trop lourdement engagée pour que jene fusse pas libre de choisir les généraux chargés des postesles plus importants. Sur cette question, une lente et défa-vorable évolution saccomplissait. Sous le ministère deM. Millerand, toutes les propositions de promotions queje transmettais étaient acceptées sans modifications ;avec le général Gallieni, certains noms que je proposaisétaient rayés, mais on ne les remplaçait pas par dautres ;je restais donc libre de faire de nouvelles propositions pourdonner des titulaires aux postes vacants. Quand le géné-ral Roques arriva rue Saint-Dominique, le ministère merenvoyait mes propositions après y avoir rayé des nomset les avoir remplacés par dautres.

Cette ingérence du gouvernement dans la distributiondes commandements, qui alla en saccentuant comme on leverra dans la suite de ce chapitre, se manifesta sous la formedune lettre que le ministre madressa le 23 mars 1916 (2)dans laquelle il me demandait instamment de retirer leurcommandement aux généraux Dubail, de Langle , de Vïl-laret et d'Urbal, et de donner le commandement dunearmée au général Gérard.

Pour ce qui concerne le général Dubail, je lui écrivis,

(1) 3 e partie, chap v, p. 149.

(2) Dossier strictement personnel du général commandant enchef. Vol. II, cahier 3, pièce 74.