396 MÉMOIRES DU MARÉCHAL JOFFRE
De cette situation découlent deux conséquences :
1° Les délégués parlementaires auront le droit de pousserleurs investigations dans tous les services des armées. Mêmesi l’objet officiel de leur mission ne permet pas de s’occuperdes opérations, ils recueilleront, qu’on le veuille ou non, aucours de leurs tournées, des renseignements d’ordre militairedont ils ne manqueront pas de faire état soit dans leurs conver-sations avec les membres du gouvernement, soit dans les com-missions, soit même à la tribune, lors des séances secrètes ;
2° 11 faut donc, et c’est la deuxième des conséquences quej’envisageais ci-dessus, que le gouvernement (en l’espèce leministre de la Guerre) soit constamment tenu au courant dece qui se passe aux armées et qu’il puisse y faire prendre àchaque instant ceux des renseignements qui lui feraientdéfaut.
Ainsi informé, il pourra orienter l’opinion du gouvernement,celle des membres du Parlement, et répondre à chaque instant,en toute connaissance de cause, aux questions ou interpella-tions qui pourront lui être adressées.
Dans l’organisation actuelle, cette condition d’informationconstante n’est pas suffisamment réalisée.
Pour qu’elle le soit, il est indispensable de créer, à l’adminis-tration centrale de la Guerre, un organe qui pourrait être inti-tulé : « Inspection générale des services, » suffisamment munide personnel pour aller recueillir sur place les renseignementsnécessaires et pour accompagner les commissions de contrôle.
Afin d’éviter des doubles emplois, cette inspection généralepourrait être celle qui fonctionne précisément auprès de votregrand quartier général et qui est dirigée par le général Belin.Il suffirait que cet officier général transportât ses bureaux àParis et que son personnel fût complété, en prélevant, aubesoin, sur le personnel des services de la direction de l’arrière.Le général Belin et les officiers placés sous ses ordres seraientd’ailleurs en mesure de remplir pour votre compte les missionsd’inspection que vous auriez à leur confier.
Pour ce qui concerne les opérations militaires, il suffiraitd’intensifier le procédé que nous avons adopté lorsqu’il s’estagi de répondre aux interpellations qui se préparaient sur labataille de Verdun , c’est-à-dire de permettre au colonel Va-lentin, aidé du nombre d’officiers nécessaire, d’être tenu cons-tamment au courant afin de pouvoir me renseigner.
Cet officier supérieur conserverait, bien entendu, ses attri-