APPUI DE BRIAND
les politiciens exigeaient Véloignement du général de Cas-telnau et aussi celui du général Foch, sur la santé duquelon faisait courir des bruits inexacts et contre lequels’accumulaient les critiques.
J’ai conservé des entretiens que j’eus à ce momentavec les membres du gouvernement l’impression qu'ilsn'étaient pas eux-mêmes très fixés sur la ligne de conduite àtenir. Gomme me l’avait dit M. Malvy, on était décidé àdéfendre le haut commandement, mais, selon la formuledu général Roques, on sentait la nécessité, pour donner unsemblant de satisfaction au Parlement , de lui céder sur cer-tains points et en particulier d'éloigner quelques person-nalités militaires. La bonne volonté du ministre suivaitd’ailleurs une courbe capricieuse qui reflétait les impres-sions ressenties au cours du Comité secret dont les séancesse déroulaient. Le 29, MM. Abrami et Tardieu s’étaientlivrés à des discours violents sur le haut commandement.Le 30, la Chambre avait couvert d’applaudissementsle nom du général Sarrail, pendant un long discours duministre de la Guerre. Mais le 1 er décembre, M. Briandavait provoqué une grande émotion à la Chambre, en mon-trant les difficultés inextricables en présence desquelles jeme trouvais pour assurer la coordination des opérations. Cejour-là, l’impression générale était à l’optimisme, et ons’attendait à voir les débats tourner court.
Le 2 décembre, la journée fut calme au Parlement. LeComité secret discuta des questions maritimes. Le pré-sident du Conseil n’assista pas à la séance. Je reçus legénéral de Castelnau qui venait d’être désigné officielle-ment pour représenter le commandement français à laréunion interalliée qui devait s’ouvrir dans le courantdu mois au grand quartier général russe.
Mais tandis que le Parlement délibérait, des événementsgraves se déroulaient en Grèce . Des télégrammes nous arri-vèrent ce jour-là d’Athènes . On se battait dans les rues,et, une fois de plus, le sang français coulait. Des détache-ments de marins avaient été attaqués traîtreusement ; onparlait d’une soixantaine de morts. Et il semblait que l’ami-