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2 (1932)
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DÉJEUNER AVEC BRIAND

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président du Conseil fit donc appel à mon patriotisme poursauver le gouvernement, en acceptant les modificationsprofondes quil allait mexposer. Et il termina son préambuleen affirmant que, sil se présentait le lendemain devant leComité secret de la Chambre sans annoncer cette réforme,le ministère serait balayé.

Le plan de M. Briand était le suivant :

Je serais chargé de la direction de la guerre; jauraisauprès de moi un état-major et des représentants desarmées alliées. Je nexercerais plus directement le com-mandement des armées françaises du Nord-Est, qui seraitconfié à un officier général qui ne serait désigné que lorsquejaurais donné mon avis sur celui qui me paraîtrait leplus digne de cette lourde charge. En somme, jaurais ladirection générale de la guerre et mon action sétendraità la fois sur le général commandant en chef des armées duNord-Est et sur le général commandant en chef Varméed'Orient. Mon autorité sexercerait de Paris , je serais encontact intime avec le gouvernement, et, pour la renforcer,M. Briand mannonça ma prochaine élévation au maréchalat.

Ces propositions étaient pour moi une révélation. Riendans mes entrevues antérieures ne mavait laissé prévoirque ce plan eût germé dans les conseils du gouvernement.Je répondis au président du Conseil que jétais prêt à m'in-cliner devant les décisions gouvernementales , quen mili-taire que jétais, javais dans ma carrière assez pratiquél'obéissance pour obéir au devoir nouveau quon me pré-sentait. Mais je tins à préciser que, loin de provoquer laréalisation de réformes dont le bâton de maréchal devaitsanctionner Vacceptation, je me bornerais à les subir, carje voyais de graves inconvénients à ce plan.

Il est certain quau premier abord, ce projet paraissaitlogique. De même quun commandant de corps darméene doit pas commander directement une de ses divisions, ilparaissait normal que le commandant en chef des arméesfrançaises nexerçât pas lui-même le commandement desarmées qui opéraient sur le théâtre du Nord-Est. Mais cettelogique nétait quapparente. Il y avait une telle dispro-