MES RELATIONS AVEC LA POLITIQUE 411
Entre temps, j’avais étudié dans quelles conditionsj’organiserais l’état-major qui me serait nécessaire dans lesnouvelles fonctions dont j’allais être investi.
Comme chef d’état-major, mon choix se fixa sur lecolonel Gamelin dont une longue collaboration m’avaitpermis d’apprécier les hautes qualités intellectuelles, lahauteur de vue, la puissance de travail, et la faculté d’assi-milation ; je le fis aussitôt venir au grand quartier généralet décidai qu’il remplirait les fonctions de chef de monétat-major avec le grade de général.
Quant à l’état-major lui-même, je décidai qu’il seraitcomposé d’un petit nombre d’officiers ; tout naturellement,ceux qui faisaient partie du bureau des théâtres extérieursd’opérations au grand quartier général en feraient partie ;en outre, j’envisageai la création d’un bureau spéciale-ment chargé des questions civiles.
Le Comité secret prit fin le 7 décembre, à 16 h. 30,par un vote de confiance au ministère. Mais la confianceétait votée par une majorité assez faible.
En même temps que j’en fus avisé, j’appris que certainsremaniements étaient à prévoir au ministère et que lehaut commandement allait être modifié dans le sens quem’avait indiqué M. Briand.
L’impression qui se dégageait du Comité secret étaitcelle d’un malaise général : l’état d’énervement causé parla longueur de la guerre avait été accru par une phrasedu président du Conseil faisant allusion à une paix pos-sible. Dans le pays, le malaise se traduisait par une vaguede découragement. Les terribles épreuves de 1916, la dé-ception causée par la catastrophe roumaine empêchaientle peuple de voir les résultats substantiels acquis au coursde cette même année et l’état précaire dans lequel setrouvaient nos ennemis. Le gouvernement et le présidentde la République, qui ne mesuraient pas comme moi lechemin que nous avions parcouru vers la victoire, en étaientarrivés à cette conception désastreuse qu’il fallait à toutprix empêcher l'exécution des projets que j'avais formés pourle début de 1917. C’est-à-dire qu’au moment où nous