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tenions les Allemands à la gorge et où nous allions leurporter un coup qui, j’en ai gardé la conviction, devaitêtre décisif, on voyait, dans mon éloignement de la directiondes opérations, un moyen détourné pour arrêter ce coup.
C’est dans cette atmosphère d’incertitude, de doute,de lassitude, que M. Briand, le 8 décembre, m’annonçason intention de reformer son ministère pour donner aupays une impulsion dont le besoin se faisait sentir. Le 9,il remit au président de la République la démission ducabinet. Dans la nouvelle combinaison envisagée on par-lait du général Lyautey, comme ministre de la Guerre,et du désir de l’amiral Lacaze de ne pas faire partie dunouveau cabinet.
Le départ de ce dernier me semblait infiniment regret-table. A plusieurs reprises, j’avais été à même d’apprécierà leur valeur les services qu’il avait rendus à la Défensenationale. Aussi, je lui dépêchai, le 11 décembre, le généralPellé pour lui demander en mon nom de revenir sur sadécision. L’amiral lui répondit : « Je resterai parce quemon départ, dans les circonstances actuelles, serait unedésertion. Mais je ne pourrai pas rester au prix de ce queje considérerais comme une trahison, si le gouvernementse voit obligé de donner certaines garanties. »
Quant au choix du général Lyautey, je ne pouvais qu’yapplaudir.
Le 12, je fus convoqué à Paris par M. Briand pourrégler définitivement avec lui certaines modifications dansle haut commandement dont j’ai déjà parlé. Il fut décidéque le général de Castelnau recevrait, à son retour de Rus-sie , le commandement du groupe des armées du Nord, enremplacement du général Foch qui serait chargé d’étudieret de préparer le plan de défense contre une offensive alle-mande à travers la Suisse , dont on se préoccupait depuisun certain temps. Quant au général Pellé, malgré mes ins-tances renouvelées, il fut entendu qu’il prendrait le comman-dement d’une division : je ne pus même pas obtenir pourlui la promesse d’un commandement de corps d’armée.En outre, le remplacement des généraux Desprès et de